Le cinéma lorrain fait son chemin et produit des œuvres de qualité. Le chemin noir, premier long métrage d’Abdallah Badis en témoigne. Ce film court (1h18) et inclassable (à mi-chemin entre la fiction et la réalité) est centré sur la mémoire des ouvriers algériens et marocains qui ont travaillé dans l’industrie sidérurgique du Pays Haut. Le réalisateur est lui-même algérien d’origine et issu de ce milieu. Lorsque son père est arrivé en Lorraine, l’Algérie était française.
Le réalisateur s’attache à de nombreux points qui imprègnent sa mémoire. Les lieux, les gens, les conditions de vie et de travail. En même temps, il réalise un film poétique, fait de rencontres. Il montre la région d’Hagondange, Uckange, Amnéville telle qu’elle est actuellement, tout en la mettant en parallèle avec des images d’archives. Et il explique (débat au Caméo-Nancy du 19 juin) combien il a eu du mal à trouver des images montrant des ouvriers. Les rares plans où un homme ou une jeune fille établissent un lien avec le caméraman anonyme sont un vrai bonheur. Le spectateur sent qu’il se passe quelque chose que la pellicule a fixé pour l’éternité.
Et puis, Abdallah Badis a planté sa caméra à l’arrière d’un foyer Sonacotra. Des hommes plus ou moins âgés viennent là, jour après jour. Ils observent et commentent ce qui se passe. Exemple avec un homme qui tente de réparer sa voiture de toujours, une Peugeot 404. Deux visages d’hommes qui écoutent le moteur repartir avec hésitation en disent long. La 404 est un peu l’héroïne du film. Un plan la montre sous un voile blanc qui oscille à la manière d’une respiration. C’est beau comme une mariée qui vit le plus beau jour de sa vie.
Avant le générique, les premiers plans énigmatiques avec deux enfants sont également magnifiques. Et puis, il y a des moments de grâce, de poésie et d’humour renforcés par la musique originale d’Archie Shepp (saxo).
Une séquence inoubliable montre deux hommes qui miment un combat de boxe sur un ring placé dans un endroit impossible (Abdallah Badis explique avec beaucoup de chaleur ce que cette séquence doit à la bonne volonté des personnes qui ont environné le tournage).
Un film qui ne peut qu’interpeller ceux qui s’intéressent à l’histoire de la vallée de la Fensch et des alentours. Pour ceux qui auraient raté les séances au Caméo-Metz, le film passe actuellement au Caméo-Nancy.
Et pour ceux que le thème intéresse, on trouve une autre approche de la mémoire ouvrière de la région dans un film 100% documentaire, disponible à la Médiathèque du Pontiffroy : L’héritage de l’homme de fer (cote 669.1) de Stéphane Bubel et Emmanuel Graff (1h06 ©2009). Un film qui s’intéresse aux vestiges architecturaux laissés par l’activité sidérurgique lorraine. De nombreux témoignages d’ouvriers et de personnalités apportent un éclairage intéressant. On note en particulier celui d’Aurélie Filipetti alors député de la Moselle, récemment devenue Ministre de la Culture. La dernière coulée théâtralisée au fourneau U4 d’Hayange y est évoquée. On y voit aussi les ruines du château de Wendel. Enfin, on y voit comment certains s’activent pour préserver ce pan de la mémoire régionale. Le titre résonne avec le contenu du film de Badis. La fin montre les efforts récompensés d’un syndicaliste.
Laurent G.
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23 juin 2012 à 15 h 21 min ·
Ce texte est un calvaire, les phrases sont beaucoup trop fragmentées ; l’auteur devrait utiliser davantage de virgules et de mots de liaisons, et moins de points.
27 juin 2012 à 10 h 51 min ·
Désolé si mon style d’écriture vous a heurté. On ne peut jamais plaire à tout le monde… J’espère que le style cinématographique d’Abdallah Badis convaincra beaucoup mieux ceux qui verront son film.
6 juillet 2012 à 12 h 43 min ·
J’ai vu le film qui effectivement ne ressemble à aucun autre et témoigne d’une grande sensibilité de la part du réalisateur. La rencontre avec ce réalisateur que je ne connaissais pas a confirmé cela : M.Badis est une personne au discours intelligent, qui s’est beaucoup documentée et qui accorde beaucoup de foi à la dimension poétique du montage d’un film.