Le Musée départemental de la Guerre de 1870 et de l’Annexion à Gravelotte ouvre ses portes en ce mois d’avril 2014. De ce projet scientifique et culturel résolument franco-allemand dans son histoire et son concept, découle l’orientation des acquisitions des collections permanentes, ainsi que le choix de l’architecture et du parcours muséographique.
Les collections sont essentiellement composées d’objets militaires français et allemands, de photographies, dessins et gravures, de documents (presse illustrée, archives), d’ustensiles du quotidien et de peintures d’histoire. Les collections allemandes représentent 40 % de la totalité du fonds du musée. 700 pièces sur les 6.000 que comptent les collections sont présentées dans l’exposition permanente. Le fonds documentaire et photographique est porté à la connaissance du public par l’intermédiaire d’audiovisuels et de multimédias qui ponctuent le parcours muséographique.
Celui-ci trouve place dans un écrin habillé de laiton, pourvu d’un volume, de façades et d’un toit accidentés. L’architecte Bruno Mader a souhaité ainsi symboliser les violences de la guerre de 1870. Mais les larges ouvertures sur la campagne soulignent également l’apaisement des tensions.
Le parcours est à la fois chronologique et thématique. Les informations sont données en français, en allemand, et en anglais. Pierre Verger, scénographe, et Evelyne Deltombe, graphiste, ont traduit par des choix muséographiques le programme historique et thématique défini. Deux poèmes introductifs, français (Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud) et allemand (Die Trompete von Gravelotte de Ferdinand Freiligrath), accompagnés d’images en plan fixe d’une nature frémissante, contrastent avec la violence de la guerre rendue par l’exposition d’objets meurtris par les combats.
Faisant suite à l’analyse des causes du conflit et de la constitution des Etats-nations en Europe, la section sur la guerre et les combats est séquencée par des portes, synonymes de frontières. L’espace consacré à l’Annexion est plus labyrinthique, et les langues des cartels et des panneaux d’information s’inversent : la langue allemande est donnée à lire en premier. Cette thématique traite des sujets de la nouvelle frontière, de l’organisation militaire, mais aussi de la société, entre apaisement et division, de la germanisation et de ses limites.
Des audiovisuels abordent l’intégration politique, l’urbanisme et l’architecture, l’intégration culturelle et religieuse, mais aussi la « résistance » à la germanisation. La section « Souvenir et commémorations » évoque le souvenir de la guerre, aussi bien en France, en Moselle annexée qu’en Allemagne, à travers des peintures historiques françaises et allemandes notamment. Citons à titre d’exemple les neuf fragments du célèbre Panorama de Rezonville peint par Edouard Detaille et Alphonse de Neuville. Enfin, un espace conclusif illustre le retour des territoires annexés à la France, ouvrant ainsi à une histoire plus récente encore des deux pays, comme de l’Europe.
Pour une vision plus complète de cet article, nous vous invitons à lire l’article de Eric Necker et Christine Tourneux dans les Carnets de Medamothi n° 7 qui vient de sortir (en vente à la bibliothèque Verlaine, 12 €), consacré aux rapports culturels franco-allemands à Metz, et intitulé Cousins germains.
Christine T.
Derniers articles parChristine T. (voir tous)
- Nouveau Musée de Gravelotte - 23 avril 2014