Édouard Martin, la genèse d’un syndicaliste

Les BMM reçoivent vendredi 20 septembre 2013 à 18h30 à la Médiathèque Jean-Macé l’un des syndicalistes les plus connus de France. Il s’agit d’ Édouard Martin, qui viendra répondre aux questions de Francis Kochert et présenter son livre Ne lâchons rien. Contre l’économie cannibale. Parler de son engagement auprès des jeunes de Borny est l’une des raisons essentielles qui l’ont amené à accepter notre invitation.

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Très médiatisé, portant haut et fort le combat contre la fermeture d’Arcelor Mittal, Édouard Martin est devenu la figure emblématique, parfois controversée, de la lutte contre les licenciements dictés par une « économie cannibale ». Qui se cache derrière ce personnage haut en couleurs qui a donné tant de visibilité aux « Florange » ? Comment s’est forgé le caractère tenace et charismatique de cet homme qui a mené des négociations avec les plus hautes instances de l’État ?

Edouardo Martin Benitez nait en 1963 dans une Espagne régie par la dictature franquiste. Un climat de terreur règne alors sur le pays. Il s’agit avant tout de se taire afin de ne pas être dénoncé et persécuté par la milice… Il est aisé d’imaginer combien la liberté d’expression deviendra par la suite l’enfant chérie d’Édouard Martin. L’injonction « Tais-toi » lui est insupportable. Prendre la parole, notamment devant des ministres ou dans les médias est un acte de courage qui lui permet non seulement de défendre les ouvriers et les hauts-fourneaux, mais également de critiquer les décisions prises par les gouvernements respectifs des Présidents Sarkozy et Hollande. Contrairement à son père qui est un homme de peu de mots, Édouard Martin est un homme très à l’aise avec la langue. Il n’hésite pas à exprimer son ressenti même de façon vulgaire, mettant en avant son tempérament passionné. « Putain de traitre », dit-il à propos du Premier Ministre lorsque  ce dernier dénonce au journal de 20 heures la nationalisation qui avait été retenue par son Ministre Arnaud Montebourg...

L’enfance en Andalousie d’Édouard Martin a été marquée par la pauvreté. Avec ses 4 frères et sœurs il dort dans la chambre des parents. Avoir de la pâte à tartiner sur le pain est jour de fête. Aussi, quand le père trouve un travail stable chez Sollac en tant que lamineur, la famille quitte l’Espagne, avec l’espoir de mener une vie meilleure. Arrivée en Lorraine, la famille dispose de trois chambres et d’un salon ! Et Édouard reçoit ses premiers jouets à Noël ! Très vite, il s’intègre dans son nouveau pays grâce à un instituteur républicain qui le soutient face à des camarades, parfois moqueurs en raison de son accent espagnol et de sa mauvaise maîtrise de la langue française… D’ailleurs, le jeune garçon n’hésite pas à se bagarrer dans la cour d’école pour se faire respecter. Déjà il montre une personnalité affirmée et déterminée à se battre pour faire triompher ses droits.

En grandissant, Édouard Martin va se passionner pour la lutte menée par Nelson Mandela contre l’apartheid. Il voudra rejoindre  l’Afrique du Sud pour aider la communauté noire à établir une vraie démocratie. Mais le manque de moyens financiers l’en empêchera. C’est également à cette période de sa vie qu’il contacte la SNCF avec une bande d’amis pour aménager un wagon désaffecté afin de pouvoir partir en vacances dans le sud de la France.  Renonçant à faire des études, il intègre la Sollac comme électromécanicien, puis grâce à la CFDT, il devient lamineur, travail qu’il affectionne particulièrement  Dès 1989, à l’âge de 27 ans, il est élu délégué syndical sur la liste de la CFDT… et il apprend la ténacité, le goût de la lutte contre l’adversité et la générosité, les trois qualités majeures pour être syndicaliste selon lui.

L’enfance d’Édouard Martin a été marquée par l’immigration, le bilinguisme et la connaissance intime de deux territoires très différents, l’Andalousie et la Lorraine. Le syndicaliste est déterminé à combattre tous les dogmatismes et à s’asseoir à la table de négociations afin de défendre ceux qui sont en difficulté. Meurtri par une enfance marquée par la rupture et le dénuement matériel, mais riche en expériences réussies face à l’inconnu et à l’adversité,  Édouard Martin s’est également construit grâce à l’amour d’une mère éprise de la vie et d’un père courageux et digne. Enfin, le système éducatif français des années 1970 lui a été bénéfique et a favorisé son intégration en France.

Tous ces éléments ont façonné cet homme complexe et lui ont permis de faire « scintiller sa lumière », selon l’expression de Nelson Mandela, mise en exergue dans le livre qu’il viendra présenter le 20 septembre 2013.

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Bernadette B.

Bibliothécaire - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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