Samedi 24 octobre, une manifestation est venue rappeler que la diversité linguistique est une des caractéristiques essentielles de la Lorraine. A l’appel de l’Association mosellane Gau un Griis et de la Fédération pour le Lothringer Platt, une soixantaine de défenseurs du francique lorrain s’est réunie Place de la Préfecture à Metz. Leur demande : que la République française ratifie la Charte européenne des langues régionales, et que le francique soit reconnu à l’égal de toutes les autres. La ratification semble le point le plus délicat : il n’y a eu aucune avancée depuis des années, malgré les changements de gouvernement. Le rejet par le Sénat, mardi 27 octobre, du projet de loi de ratification de la Charte, n’est donc pas de bon augure.
Mais d’autres questions se posent aussi pour notre francique. En effet, des langues régionales comme l’alsacien, le basque, le breton, le corse ou encore l’occitan, bénéficient de moyens assez conséquents alloués par leur région respective. Ils sont par ailleurs un marqueur fort d’identité régionale. En Lorraine, les promoteurs du francique constatent que leur idiome est un parent pauvre des politiques culturelles. Ils craignent que la future grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne laisse peu de place aux questions linguistiques, et en particulier à la défense et à la valorisation du francique comme patrimoine culturel immatériel.
Pourtant, depuis une quinzaine d’années, des signes positifs sont venus nourrir les espoirs des locuteurs du platt: Festival Mir redde Platt à Sarreguemines, dynamisme des publications en dialecte de Moselle-Est, coopération transfrontalière avec les Sarrois et Luxembourgeois, émissions dans les médias locaux, création d’un Centre de ressources pour le francique au sein de la Médiathèque de Sarreguemines.
La manifestation du 24 octobre à Metz se situe dans la continuité de ce dynamisme : le Platt n’a pas dit son dernier mot. Hervé Atamaniuk, de la Fédération pour le Lothringer Platt, Jean-Louis Kieffer, de l’Association Gau un Griis, et l’artiste Jo Nousse ont pris la parole devant un joyeux groupe de sympathisants du Platt. Ils se sont exprimés au nom de tous les locuteurs du francique amoureux de leur langue. Et ils ne se sont pas adressés seulement aux autorités : c’est à tous les Lorrains, quelle que soit leur langue, que leur message était destiné.
Cette mobilisation montre, si besoin était, que la Lorraine est une terre de contrastes non seulement géographiques, historiques et sociologiques, mais encore linguistiques. La présence d’une population germanophone dans la moitié du département de la Moselle est indépendante des aléas de l’histoire : frontière politique et frontière linguistique ne se recoupent pas. Ce point mérite d’être précisé, car on attribue souvent la persistance des dialectes allemands de Lorraine à la période de l’annexion (1871-1918). En réalité, la Lorraine fut toujours une terre partagée entre différents pouvoirs, et une terre de partage de cultures et de langues. Les limites entre les zones linguistiques germanique et romane se sont stabilisées dans les premiers siècles de notre ère, et ont connu peu de grands changements depuis la Lotharingie.
C’est donc en souvenir de ce lointain héritage, et pour le maintenir vivant, que les défenseurs du francique se sont rassemblés à Metz. Dans cette période de changements institutionnels à l’échelle régionale, c’est aux citoyens de nos trois régions d’écouter leur message, et de l’entendre.
Nicolas J.
Derniers articles parNicolas J. (voir tous)
- La Réforme s’implante à Metz - 18 novembre 2017
- La poésie française au féminin - 8 mars 2017
- La Moselle célébrée par Ausone - 7 février 2017
28 avril 2022 à 17 h 40 min ·
Concernant le Platt, il existe une volumineuse littérature: tout y est dit et même son contraire et pourtant les origines de la langue restent un mystère. D’où la proposition suivante…
Le Platt n’est autre que la contraction de Palat, la langue du Palatinat en allemand la Pfalz. Dans le prof. Paul Levy avait observé la mutation consonantique de (Fac; des Lettres, Strasbourg 1929). Les habitants du Palatinat sont des Palestiniens càd des Hébreux et on retrouve ces mêmes en Westphalen (voie le dict. Larousse sous Ubéens . Les Ubii sont les Hébreux en latin).Dans la Bible, Samuel les appelle Phalatéens que l’on retrouve aussi sous le nom de Phélétéens ou Philistins. Mais le professeur cité ne s’explique pas la terminaison qui caractérise de nombreux villages d’Alsace. Il suffit pourtant de demander à Google de traduire et il vous répondra instantanément .
Heim est bien un radical hébraîque celui qui termine par exemple Jerush al aîm (Jérusalem).
Bien d’autres exemples sont à votre disposition, mais en résumé, le Platt n’est pas une langue d’origine germanique elle est soeur jumelle de l’allemand et les deux ont évolué indépendamment l’une de l’autre.(Détails à disposition…)