Une guerre… et des dentelles !
Louis XV ne vint qu’une seule fois à Metz mais ce fut une visite mémorable.
Lors de la Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), le roi prend le commandement de ses armées dans les Flandres.
Averti qu’une armée ennemie s’approche des Vosges, il passe par Metz pour lui barrer le passage.
Il en profite pour venir inspecter les travaux entamés dans la ville pour accroître ses défenses et améliorer son urbanisme, travaux retracés dans l’exposition Metz, quartiers de noblesse… royale et impériale.
Le roi ne se déplace pas seul, il est accompagné d’un certain nombre de civils, parmi lesquels sa maîtresse la duchesse de Châteauroux.
Il est accueilli par les édiles messins le 4 août 1744, à la porte de France. Le maréchal de Belle-Isle, gouverneur militaire des Trois-Évêchés, loge le roi dans sa résidence officielle, l’Hôtel de Haute Pierre (sur l’emplacement de l’actuel Palais de Justice), et sa maîtresse non loin de là, dans la maison abbatiale de Saint-Arnould. Homme prévoyant et bon courtisan, le maréchal a fait bâtir une passerelle couverte entre les deux bâtiments pour que le souverain puisse retrouver sa favorite à l’abri des regards indiscrets. Ce qui scandalise les Messins, pas dupes.
La punition divine
Le 8 août, Louis XV tombe malade, victime d’une « fièvre maligne » qui met ses jours en danger.
Son état empire à tel point qu’il devient nécessaire de lui donner l’extrême-onction. Mais son aumônier n’accepte qu’à condition qu’il renvoie sa maîtresse et qu’il appelle la reine auprès de lui. Ce qui fut fait. Dans la nuit, la passerelle est également détruite.
Les médecins royaux ayant abandonné tout espoir de le guérir, il est fait appel à une aide extérieure. Il s’agit peut-être d’un médecin juif mais officiellement c’est un chirurgien militaire retraité, habitant à Metz, qui examine le malade et lui donne un vomitif.
Le souverain se rétablit, au grand soulagement des Français en général et des Messins en particulier dont la joie s’exprime en de bruyantes démonstrations publiques. Le 25 août, lors de la messe de la Saint-Louis célébrée dans la cathédrale de Metz, le chanoine Josset s’exclame : « … quel titre mieux mérité, plus justement acquis, et qui fasse plus d’honneur à un roi que celui de Louis le Bien-Aimé ? ». Le surnom lui restera.
Le 29 septembre, Louis XV quitte Metz pour se rendre à Lunéville et y retrouver son beau-père le duc Stanislas.
Un ex-voto… de taille !
De ce séjour, il subsistera plus qu’un surnom pour les Messins. En effet, 20 ans plus tard, en 1764, l’architecte Jacques-François Blondel bâtit un portail en souvenir de la guérison miraculeuse de Louis XV à Metz. Ce portail, de style classique, est plaqué sur le côté Ouest de la cathédrale Saint-Étienne.
Il est orné de deux statues, représentant la France d’une part et le catholicisme d’autre part. Il sera déposé en 1898 par Paul Tornow pour être remplacé par un portail néo-gothique plus en phase avec le bâtiment.
Quant aux deux statues, on peut encore les voir… à Saint-Avold, où la France s’est transformée en Vierge Marie !
Si vous désirez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter l’ ouvrage de Pierre Brasme Le Roy se meurt.
Dominique Ribeyre
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