Ray Bradbury vient de s’envoler pour une nouvelle galaxie, cliché pompeux et inexact dans la mesure où la science-fiction pratiquée par cet auteur était bien éloignée des intrigues rythmées par les coups de sabre-laser des space-opera.
Ses histoires s’enracinaient bien plus dans le quotidien, même si celui-ci avait pour cadre une autre planète. Un subtil décalage de la réalité et nous passons de l’autre côté du miroir. Art où excellait ce nouvelliste hors pair. Deux de ses œuvres sont plus connues du public, elles sont même enseignées dans nos lycées : Chroniques martiennes (en fait un recueil de nouvelles) et Fahrenheit 451 (une longue nouvelle ou un court roman, correspondant à ce que les Américains appellent une Novela).
Nous y voilà. Quoi de plus familier qu’un livre, quoi de plus rassurant que les pompiers ? Mais que ces derniers aient pour mission de brûler le premier et nous nous retrouvons dans un autre monde, qui ne nous est plus désormais totalement étranger. En effet, la société imaginée en 1953, qui voit le triomphe d’une culture prédigérée, massifiée, portée par la montée en puissance de nouveaux medias plus orientée vers la satisfaction immédiate des envies de l’individu que vers l’exercice d’une pensée critique, est-elle si différente de celle de 2012 ?
La disparition du livre ne se fera pas par le feu (soit dit en passant, un livre brûle très mal). Ce sera beaucoup plus simple. Grâce au triomphe du tout-numérique, on n’en imprimera plus. Inutile de déranger les pompiers.
Dominique Ribeyre
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