Le Musée d’Orsay accueille jusqu’au 15 janvier 2017 l’exposition « Spectaculaire Second Empire 1852-1870». Le régime de Napoléon III, une période controversée de l’histoire de France, aujourd’hui un peu oubliée, exerce encore une sorte d’attraction-répulsion.
Lorsque la France de la Révolution de 1848 et de la Deuxième République, bascule à nouveau sous la bannière autoritaire d’un Bonaparte, l’histoire donne l’impression de se répéter. Tyrannique d’abord, plus libéral ensuite, Napoléon III est surtout vu aujourd’hui comme l’homme qui mena la France au désastre de Sedan, un nouveau Waterloo aux conséquences funestes. La défaite de 1870 face à la Prusse plongea en effet la France dans le trouble et le désarroi. Mais elle permit aussi un questionnement profond sur le type de régime que les citoyens souhaitaient se donner.
Or, du coup d’Etat du 2 décembre 1851 à la fin du Second Empire, de grands événements ont été organisés pour alimenter le prestige impérial. Ainsi en 1855, l’exposition universelle de Paris avait déjà permis de l’accroître. Le Musée d’Orsay met en lumière ce souci d’utiliser les grandes manifestations internationales pour la propagande impériale. Il fallait à Napoléon III des vitrines propres à exercer une influence aussi bien politique, qu’économique et culturelle. Et ce rayonnement devait porter au-delà des frontières, tout en ayant un ancrage territorial significatif.
Après l’exposition de Paris, Napoléon III veut renforcer son autorité dans les provinces, tout en initiant des actions internationales de grande ampleur. Il choisit Dijon (1858), Besançon (1860) et Metz (1861) pour donner à son action éclat et prestige. A l’origine, il avait décidé qu’un Concours agricole se tiendrait tous les ans dans chaque région de France. C’est le 29 septembre 1857 que Metz fut choisie pour être le siège du Concours agricole de la région Est de la France en 1861. Le projet évolua vers celui d’une nouvelle exposition universelle. Elle fut placée sous le patronage de S.E. l’Impératrice, c’est-à-dire l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Ce patronage avait un sens : renforcer l’assise de l’Empire dans les provinces grâce à une figure tutélaire liée à l’Empereur.
Ainsi, l’Exposition universelle de Metz démontre la double volonté politique du souverain : augmenter son influence en Europe et associer les provinces à l’essor impérial. Cette exposition offre à l’Est de la France la perspective d’un développement économique. Elle accompagne aussi la transition interne de l’Empire, passant du césarisme à une politique plus libérale. Elle permet aux acteurs locaux de s’exprimer, de nouer des liens avec leurs homologues de France et d’autres pays. Cette exposition a représenté un bouillonnement dans tous les domaines. Outre les présentations de nombreuses professions d’artisans, de fabricants, d’agriculteurs, les beaux-arts et la musique furent mis à l’honneur, tout comme certaines manifestations sportives.
Riche des manifestations les plus diverses, l’Exposition universelle de Metz fut le dernier grand événement de la ville avant l’annexion de 1871. Dix ans plus tard, Metz devint allemande : revers de la médaille d’une ambition impériale qui s’étiola au fil des années. Il aura suffi d’une décennie pour que le destin se retourne, et que Metz passe d’un Empire à l’autre. L’Alsace-Lorraine, en restant dans un cadre impérial, n’aura pas connu les épisodes des débuts de la IIIème République en France. C’est ce qui explique encore, près de cent ans plus tard, la conservation de certaines spécificités comme le régime concordataire. Le sentiment de différence des Alsaciens-Mosellans par rapport au reste de l’Hexagone doit sans doute aussi beaucoup à la persistance de l’emprise des Empires.
Nicolas J.
Derniers articles parNicolas J. (voir tous)
- La Réforme s’implante à Metz - 18 novembre 2017
- La poésie française au féminin - 8 mars 2017
- La Moselle célébrée par Ausone - 7 février 2017