Chacune des bibliothécaires musicales vous présente ses trois albums coup de cœur de l’année 2015.
Le choix musical de Véronique (Verlaine)
CHASSOL « Big sun » (Tricatel)
Des chants d’oiseaux, une flûte en apesanteur, des claviers vagabonds…Chassol, le presque quarantenaire français d’origine martiniquaise, est retourné sur la terre de ses ancêtres pour y faire un travail de collectage sonore. Le rendu s’apparente à de la « musique concrète » (selon ses propres termes) à tendance mélodique. Il n’est donc pas rare de cotoyer des sons mis bout à bout (voix-récit, piano solitaire etc) et (presque) au même instant des moments de grâce mélodique ! Ainsi, le morceau de l’année se trouve sur ce « Big sun » et s’intitule « Pipornithology, pt 2 ». Un groove sifflotant imparable pour un artiste ovni pas vraiment jazz, pas vraiment musique du monde, pas vraiment bruitages.
Tout simplement inclassable !
JEANNE ADDED « Be sensationnal » (Naïve)
L’artiste-révélation cette année est sans conteste la rémoise Jeanne Added ! Même si elle ne chante pas en français (elle a préféré l’anglais), le souffle puissant qui traverse ses morceaux nous plonge dans un émoi certain ! Il faut dire que la jeune femme a un solide passé musical dans l’univers du jazz et du lyrique. Ces bases lui permettent d’affirmer et d’affiner un style bigarré, fait de rugosité rock, de secousses électro, et d’une basse new wave parfois mélancolique. Le tout porté par une voie sensuelle. Arrangé par le chanteur de The Do, son premier album « Be sensational » n’a pas fini de distiller son charme vénéneux. Notamment lors de ses prestations scéniques à haute teneur en énergie tellurique !
LA PLANETE BLEUE, volume 8 (La Planète bleue)
A la fois émission de radio sur Couleur 3 (Suisse) et collection de disque, la Planète Bleue en est déjà à son 8ème volume ! Ami-e-s des musiques défricheuses, ces sons planétaires vous sont destinés. Une fois encore, nous partons en voyage dans les contrées les plus reculées du globe ; du Japon, en passant par l’Inde, puis la Norvège, ou encore l’Egypte. Un tour du monde des musiques nouvelles proposé par Yves Blanc, qui a un sens de l’agencement assez inouï tant la fluidité des musiques semble faire sens vers un ailleurs à la fois spirituel et futuriste !
Le choix musical d’Aurélie (Jean-Macé)
ESTER RADA « Ester Rada » (Discograph)
Pour son premier disque éponyme, cette jeune chanteuse d’origine éthiopienne nous offre un album éclectique et addictif. Bercée par la musique dès son plus jeune âge, elle a choisi de mélanger toutes ses sources d’inspirations au sein de ses compositions : éthiojazz, soul, R’n’B, pop, rock, jazz, reggae… Ajoutez à cela une voix groove et un sens inné du rythme et vous avez la révélation de l’année. Il n’y a rien de trop, tout est savamment dosé et orchestré, donnant des morceaux tour à tour dansants, engagés et mélancoliques. Ester Rada est aussi une show girl. Après avoir fait les premières parties d’Alicia Keys et Seun Kuti, elle est en tournée accompagnée de ses musiciens à qui elle laisse la possibilité de s’exprimer, montrant ainsi son amour de la musique. Elégante et bourrée de talent, Ester Rada livre par ailleurs sa vision du monde : l’ouverture sur toutes les cultures qui le constituent. Attention…vous risquez de ne plus pouvoir vous en passer !
NATALIE PRASS « Natalie Prass » (Spacebomb Records)
Une rose pleine de petites épines : voilà ce qui caractérise le premier opus de Natalie Prass. Sa voix est folk, douce, aérienne, capable de curieuses et impressionnantes acrobaties. Ses mélodies sont efficaces et sophistiquées, avec des envolées passionnées de cuivres et de cordes. Mais cette perfectionniste, qui a commencé à écrire des chansons à l’âge de 6 ans et a travaillé intensément son album pendant 4 ans, est loin des standards de la folk. Ses textes sont ciselés, chaque mot a été choisi pour donner un sens et un effet. Le thème de l’amour contrarié est bel et bien présent, mais présenté avec un mélange de sincérité et d’insolence croustillantes. Une éclosion nécessairement lente qui a abouti à neuf titres intemporels allant à l’essentiel : des émotions brutes, de l’énergie et de la fantaisie (comme sur It is You). Le charme opère…
Le choix musical d’Aurélie & Simone (Jean-Macé)
FAADA FREDDY « Gospel journey » (Think Zik !)
Élu « meilleur album international » de l’année par les journaux Le Parisien et Aujourd’hui en France en décembre 2015, le premier opus de Faada Freddy est un véritable coup de coeur. Issu du milieu du hip hop avec son groupe Daara J., il s’est lancé dans un projet inédit et potentiellement risqué mais s’en sort avec brio. Il n’y a aucun instrument traditionnel, seuls sa voix et son corps sont utilisés : « Dans le pays dans lequel j’ai grandi, on n’avait pas la possibilité d’acheter des instruments, donc soit on les faisait avec des objets récupérés, soit on les remplaçait par des percussions corporelles ». De la soul au gospel, du wolof à l’anglais, du beatbox aux prouesses vocales, il nous entraîne naturellement dans son univers atypique aux rythmes irrésistibles. Attendez-vous à être surpris par la qualité de ses compositions !
Le choix musical de Caroline (Verlaine)
DISASTERPEACE « It follows »
La bande originale hallucinante du très bon film éponyme de Robert Mitchell : Cela sonne un peu comme du Carpenter avec ce penchant pour les synthétiseurs sinistres qui hantent les films d’horreur des années 80 mais bien que l’hommage soit évident, il n’en reste pas moins que cette bande son a qui le succès du film doit beaucoup reste une oeuvre originale. On y ressent à merveille la tension, la peur de l’inconnu le malaise et l’ambiance oppressante du film.
SUFJAN STEVEN « Carrie & Lowell »
Carrie et Lowell étaient respectivement la mère et le beau-père de Stefjan Stevens et tout l’album, largement autobiographique, parle de cette « saison de l’espoir » qu’ont été pour lui les cinq ans d’enfance passés auprès de cette famille recomposée et dysfonctionnelle. Les morceaux explorent des thèmes comme l’enfance, la famille, la solitude, la dépression (sa mère en particulier souffrait de ce trouble) mais il y est aussi question de foi, d’espoir et finalement, de renaissance. Les paysages sonores qui accompagnent les textes sont soigneusement construits, les compositions marient avec goût éléments acoustiques et électroniques pour un retour aux sources du folk. C’est gai et mélancolique en même temps; beau en tous les cas.
BLICK BASSY « Akö »
Blick Bassy désigne lui-même sa musique de « FAB », acronyme qui signifie « folk afro-blues ». Et en effet, avec Akö, Bassy nous offre un album délicat, sensuel et épuré dans lequel il nous invite à l’accompagner dans son voyage, du Cameroun à la Nouvelle Orléans, sur les traces à la fois du blues du grand Skip James mais aussi de la culture traditionnelle Bassa.
Le choix musical de Geneviève (Sablon)
Renaud GARCIA FONS – Derya TURKAN « Silk moon »
On n’image pas tous les sons et les univers que l’on peut produire avec une contrebasse. Renaud Garcia nous l’a pourtant deja démontré , habitué des voyages au délà des frontières, musicales et géographiques. Il nous emmene encore autour de la méditérranée où il explore en compagnie d’un kémence les maqqam orientaux et le Cante jondo andalou.
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L’ATTIRAIL » route intérieure »
Pour féter 20 ans à voyager musicalement sur les routes des nomades d’Europe de l’Est ou d’Amérique du Nord), le groupe qui utilise des instruments de bric et de broc, glanés au gré de vide-greniers, nous emmène dans un voyage intérieur avec des musiques imaginaires entre l’Est et l’Ouest, mélangeant tsigane, reggae, brass band dans des ryhtmes décalés et plein de joie.
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PIERANUNZI -CASAGRANDE » double circle »
Piano et guitare, deux instruments polyphoniques qui se répondent l’un l’autre entre des airs apaisés dans une atmosphère intimiste et des rythmes frétillants, créant une atmosphere lumineuse, claire et harmonieuse. Du jazz d’une grande finesse !
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Le choix musical de Laurence (Sablon)
TRIO CHEMIRANI « Dawâr : la langue invisible »
Tout en puisant dans la poésie persane, dont s’inspirent les rythmes traditionnels, les Chemirani, père et fils, composent et développent des formes modernes où l’accent est mis sur les polyrythmies et sur la multiplicité des sons ; le trio dévoile à son auditoire les possibilités infinies des percussions du zarb, instrument iranien avec lequel ils trouvent un langage commun entre les différentes cultures.
THOMAS ENHCO « Feathers »
Enregistrant pour la première fois seul au piano, le jeune musicien a conçu ses morceaux comme autant de fragments d’un discours amoureux. Plein de promesses, dense, sensible et mélancolique, cet album est truffé de sophistications cachées, souvent inspirées par l’univers classique.Feathers porte bien son nom. Léger, aérien, cet album est idéal pour se poser dans son canapé en écoutant I’m fine Thank You, sans doute le plus joli thème de l’album.
MOUNTAIN MEN « Against the wind »
Le duo Franco-australien propose avec Against The Wind un troisième album studio qui chamboule l’âme et l’esprit. Une guitare, un harmonica, une voix d’une puissance et d’une beauté bouleversante, et voici que le folk se fait blues, que le rock se fait country. Ce mélange des styles, qui confère à cet album une identité unique, est aussi à la source d’une liberté artistique totale. Mountain Men est très loin de la musique dite populaire et « marketée ». L’album s’impose sans aucun doute comme un essentiel de l’année pour les amateurs de musique ne laissant pas de place à la superficialité.
Le choix musical de Maryll (Verlaine)
Chelsea Wolfe, Abyss
Il y a dans l’album Abyss de Chelsea Wolfe, de vastes territoires sombres, une convocation vers l’au-delà, des rites mystiques s’immisçant dans une musique qui trouve son équilibre délicat entre folk gothique et électro noise rock. La voix de Chelsea Wolfe nous transporte dans un espace noir, usé et s’évapore doucement dans un monde de rêve. On ressort de cette expérience sonore comme abasourdie par ce travail obsédant mais ô combien émotionnel . Abyss est un album qui secoue, défiant les sens et amenant le désordre et la distorsion dans un univers du marketing et du corporate musical. Album salvateur.
The Soft Moon, Deeper
Deeper est le troisième album du groupe américain post punk indus The Soft Moon. Luis Vasquez, auteur-compositeur, distille une puissance minimale, alliant synthétiseur des années 80 et numérique du 21eme siècle. Sous des saccades de nihilisme, Deeper est avant tout un album profond et délicieusement séquencé. Vasquez ne cherche pas à séduire par ce disque, mais se positionne avec un désespoir habité sur la place de l’homme face à l’univers. Si la musique de The Cure ou Depeche Mode vous est familière, n’hésitez pas. Si vous ne connaissez rien à la musique post punk et indus, n’hésitez pas non plus.
Nisennenmondai, Live at Clouds Hill
Trio féminin de rock experimental, nisennenmondai est né en 99 à Tokyo.
Basse-guitare-batterie : le ton est donné, impossible de ne pas se laisser influencer par leurs mesures hypnotiques pures, des spirales de techno et de son kraut, qui distillent impitoyablement des rythmes réduits à leurs fondamentaux.
Une formidable démonstration d’endurance et d’efficacité.
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