Le groupe Alifair fête ses dix ans de carrière

l'Oiseau FeuilluAlifair était de passage à la Médiathèque Jean-Macé (située dans le quartier de Borny à Metz) samedi 8 octobre 2011. Le duo lorrain (Aurore Reichert et Jean Pascal Boffo) a montré une facette méconnue de son travail, s’adressant au jeune public. Titre du spectacle : l’Oiseau Feuillu, qui a déployé toute la féérie de l’univers du groupe. A cette occasion, nous leur avons posé quelques questions, notamment pour en savoir plus sur leur brûlante actualité. Celle qui prend la forme d’un nouvel album à paraître dans les bacs-et sur les sites de téléchargements- le 19 novembre, et répondant au doux titre de ‘La Lettre Vent’.

Votre travail pour le jeune public:
>On connait Alifair en tant que groupe ayant à son actif trois albums; on connait beaucoup moins le travail que vous faites en direction du jeune public. Qu’est-ce qui vous intéresse dans le fait de vous adresser à un public spécifique tel que le jeune public ? Avez-vous envie de poursuivre dans ce sens ?

Aurore : En fait, depuis quelques années, j’anime deJean Pascal Boffos ateliers d’éveil musical dans différentes structures -telles que les médiathèques par exemple- et cela m’a donné envie d’approfondir mon travail sur la sensibilisation, l’écoute et l’intérêt des enfants pour différents styles de musique et pour la poésie en passant de l’autre côté du miroir: non plus en tant qu’animatrice, mais en tant qu’artiste. Je me suis demandée comment proposer un concert aux enfants tout en leur racontant une histoire. Et si au début l’Oiseau Feuillu était un conte parsemé de chansons, lorsqu’on a décidé de le jouer sur scène, il s’est étoffé de scènes théatrales et autres trouvailles visuelles. Trouvailles que l’on doit d’ailleurs à notre metteur en scène, Jacques Jusselle, qui a su mettre en valeur la poésie de l’histoire tout en la rendant plus contrastée. De plus, l’une des sources d’inspiration de Jean Pascal et moi a toujours été la nature et sa féerie… Nous sommes de grands enfants qui aimons être émerveillés. Alors l’idée d’émerveiller les enfants est venue naturellement.

En plus, l’histoire racontée dans le spectacle l’Oiseau Feuillu est l’extension de notre chanson ‘l’arbre à plumes’ (sur le 3ème album, For Intérieur). En effet, quand j’ai écris cette chanson, j’imaginais toute une histoire, et quand on a eu envie de s’adresser aux enfants, je n’ai pas réfléchis longtemps : j’ai choisi de développer autour de ce morceau là.

Votre nouvel album:
>Vous allez sortir un nouvel album,  La Lettre Vent, au mois de novembre, le dernier date de 2008. Qu’est-ce qui a motivé la remise en route du travail d’écriture, de composition, pour ce nouvel album ? Pourquoi ce choix d’avoir à vos côtés -pour l’orchestration- une petite formation de chambre? Teniez-vous particulièrement à fêter vos dix ans de carrière par cette nouvelle sortie ?

lettreventAurore : Oui, c’est vrai qu’au tout début, nous nous sommes dis: « Tiens, Alifair va avoir dix ans, ce serait bien de marquer le coup! ». Alors, on s’est retranché tous les deux à l’écart en espérant réussir à composer quelque chose de nouveau, ce qui n’était plus arrivé depuis la composition de l’Oiseau Feuillu en 2009. Et à vrai dire, nous avons été surpris nous même de la facilité avec laquelle nos chansons sont ‘sorties’. On aurait dit qu’elles attendaient d’être découvertes! Nous sommes restés 12 jours en ‘retraite’, et avons composé 12 chansons, au rythme d’une par jour ! Cette spontanéité nous a fait du bien. Chaque matin, on se demandait ce qu’on allait découvrir le soir. C’était à la fois angoissant et grisant. Au final, ça fait du bien de ne pas trop se prendre la tête sur un texte ou une mélodie. Avec du recul, je crois même que cela rend notre musique plus ‘accessible’, et cela nous fait plaisir.

Comme nous avons composé en duo, les chansons étaient d’abord très intimistes, alors, nous avons imaginé dès le début des arrangements de cordes. Cela a été finalement réalisable grâce aux talents de trois amis pianistes-arrangeurs : Romain Frati, Murat Oztürk et Frédéric Sold, et grâce au quatuor Malipiéro, qui a bien voulu se prêter au jeu pour nous.

Ensuite, nous avons voulu rajouter de la batterie et de la basse pour un son plus rock, ce qui fait que ce dernier album, tout en étant très spontané-composé en douze jours, enregistré en deux semaines, mixé et mastérisé en trois semaines-propose des ambiances à la fois intimistes, épurées et plus pêchues, plus riches…

Jean Pascal : Les 10 ans d’Alifair ne sont qu’un prétexte pour sortir cet album. C’est une aventure qui n’a pas besoin d’occasion spéciale pour perdurer. Je suis certain que tant que la magie opérera, nous ferons de nouvelles chansons régulièrement. Les expériences passées depuis le début ont prouvé qu’il suffit que l’on s’enferme quelques jours dans une ‘bulle’ pour que de nouvelles notes émergent de l’invisible.

Les modes de diffusion de votre musique :
>Jean Pascal, cela fait pas mal de temps que tu es dans le milieu musical -avec différentes formations. Quel regard portes-tu sur l’évolution des modes de diffusion musicale en 2011 (internet, réseaux sociaux…) ? Cela simplifie-t-il, ou à l’inverse, complique t-il l’aspect promotionnel d’un groupe comme Alifair ?

JP : Indéniablement, cela ouvAlifair-Flyer-concertre des possibilités inimaginables avant. Mais ça implique aussi une somme de plus en plus grande de travail et d’efforts à fournir par l’artiste lui-même. Il faut savoir se faire remarquer au milieu de la ‘jungle’ des réseaux où les artistes les plus obscurs -parfois au talent incroyable- se retrouvent avec des moyens de diffusion qui sont les mêmes que pour les stars -talentueuses ou non. Finalement, il faut faire beaucoup de ‘bruit numérique’ pour se faire entendre.  Mais le don du ‘commerce’ est rarement associé à la qualité du véritable artiste. Et, évidemment, cette ouverture laisse aussi parfois la place à du grand ‘n’importe quoi’. Au public de faire le tri, mais là, c’est une question d’éducation culturelle -hélas, peu développée! Je découvre chaque semaine des musiques et artistes magnifiques grâce à internet, et je suis absolument sûr que je ne les aurais jamais entendus sans cet outil. En même temps, cela donne le vertige de voir qu’il y en a tellement un peu partout sur la planète! Mais c’est beau…et encourageant, si on sait discerner et si on a la force de faire du ‘buzz’. De toute façon, cette évolution est irréversible, et il faut vivre avec ou bien se contenter de l’anonymat. Ce qui peut rester le sort -pas malheureux- d’artistes usant de ces outils! Il n’y a pas de recette magique  pour se faire (re)connaître ou apprécier.

Les médiathèques :
>Qu’évoque pour vous la notion de médiathèque : est-ce un moyen d’accès à la culture qui vous est-ou vous a été- familier?

Aurore : Je suis inscrite à la médiathèque depuis mon arrivée à Metz ! J’y vais encore régulièrement. D’abord, pour les ateliers que j’y anime et aussi pour emprunter des DVD, des CD et… des documents sonores pour enfants ! Je pense que les médiathèques sont très importantes dans une ville parce qu’elles sont un accès direct à la culture, sous de multiples formes, et cela, pour tous les publics.

JP : J’ai été pendant longtemps un utilisateur régulier et gourmand de la médiathèque de Metz. À l’époque ou l’on ne pouvait découvrir la musique que par ce biais, ou par des disquaires. Je venais chaque semaine à Metz faire le plein de musiques. J’avoue que depuis quelques années, et avec le développement d’internet, associé à un emploi du temps de plus en plus chargé, je n’y vais plus. Mais la curiosité est toujours là !

À l’écoute des quelques morceaux mis en ligne sur le site d’Alifair avant la sortie officielle du nouvel album, on perçoit subtilement comment la voix d’Aurore se pose avec plus de douceur et de maturité sur les mélodies élégantes de Jean Pascal. Nul doute que si l’intimité de l’album parvient à se transposer sur scène, le bouche-à-oreille (élément de plus en plus important dans la ‘croissance’ d’un artiste) ne tardera pas à accroître l’audience d’un groupe lorrain en pleine ascension.

Une immersion au cœur de la création de La Lettre Vent est visible ici grâce à un beau reportage de Jean Balczesak.

The following two tabs change content below.

Véronique D.

Bibliothécaire - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

Derniers articles parVéronique D. (voir tous)

posted: Actus, Écouter, Figures de Metz ©

Laisser votre commentaire :

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*