Loin du monochrome, le bleu dans tous ses états : bleu mélancolie, ciel, azur, orageux… bleu comme l’air. Bleu comme une note.
La note bleue ne se maintient pas seulement dans la mélodie, l’harmonie ou dans un enchainement de hauteurs sonores ; Chopin la définissait comme un discours musical lié à une histoire de temps.
Le temps, sa perception et le passage d’un instant à l’autre, les enchevêtrements entre le passé, le présent et le futur. Appréhender uniquement l’instant, seul existant. Cet instant que notre conscience transforme en moment plus ou moins rapide, c’est la pulsation, qui rythme le temps en musique. Le tempo. Lent ou rapide, le tempo laisse s’envoler le temps inéluctablement. Il existe en musique un moyen de suspendre l’instant, ou plutôt de nous faire croire à cette perception : c’est le « tempo rubato », le temps dérobé. Lorsqu’on abandonne momentanément la régularité de la pulsation, le rythme devient vaporeux et indistinct. Le tempo rubato mêle l’accélération et le ralentissement de certaines notes. Ainsi on interrompt le temps grâce à cette magie.
La luminosité d’un temps suspendu se trouve dans cette note bleue, plus proche de la lumière qui traverse ces 10 chansons de Lisa Louize, comme le tranchant d’un silex.
Lisa Louize, c’est une formation de musiciens passionnés et chevronnés avec, autour de la chanteuse, brouilleuse de pistes, spécialiste du lancer de flèches verbales :
Mael Nesti, guitariste, joueur de hang et fan du groove de la mandoline nordique.
Olivier Herrmann, contrebassiste, expert en plongeons vibratoires, résonneur de graves.
A ce trio s’ajoute l’indispensable Eric Mie, musicien, écrivain, poète, qui a su capter l’univers que le groupe souhaitait installer. Ses textes, riches et mélancoliques, apportent un souffle particulier dans l’espace musical du groupe.
Lisa Louize s’inscrit de plain-pied dans la filiation d’Anne Sylvestre, de Dominique A et de la tradition de la chanson à texte. « Dans ma tête » est le deuxième album du trio. Grâce aux mots d’Eric Mie, traitant de sujets intimes, d’un humour noir, sans artifice et sans effet, Lisa Louize réussit à s’enraciner totalement dans la modernité. On découvre des histoires de couples fissurés, de blessures, de vies asphyxiées, de disparue, d’amour lumineux et entier.
George Sand écrivait, à propos de la musique de Chopin, “la note bleue résonne et nous voilà dans l’azur de la nuit transparente”.
Ecouter Lisa Louize, c’est se retrouver dans cet azur, dans cette note bleue. Un remède pour l’âme.
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Maryll R.
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