Mémoire du tourisme de mémoire

En cette année commémorative du centenaire de la Grande Guerre, le tourisme de mémoire connaît un regain d’intérêt. La région lorraine, lieu d’importantes batailles de ce conflit meurtrier, n’y déroge pas : Verdun constitue la porte d’entrée des champs de bataille meusiens. La mémoire de la Grande Guerre y demeure présente, notamment à travers son gigantesque Monument à la Victoire et la Citadelle souterraine, où fut choisi le Soldat Inconnu. En outre, chaque été, l’association Connaissance de la Meuse organise un son et lumière autour d’une évocation scénique de la bataille de Verdun : « Des Flammes à la Lumière« .

Le Lorrain (07/08/1919). Coll.BMM

Complémentaire de l’offre touristique traditionnelle, ce tourisme de mémoire a rapidement été perçu comme un élément fédérateur, d’autant plus dans le contexte du retour de l’Alsace-Moselle à la France, au lendemain du premier conflit mondial. Ainsi, dès 1919, peut-on trouver dans la presse locale de nombreux encarts publicitaires invitant à visiter les champs de bataille.

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre« … Ces mots de Winston Churchill prennent, via ces expéditions, tout leur sens. Meurtrie par près de 5 années de conflits, la population garde à l’esprit l’effarement de ce nouveau mode de guerre massive : l’horreur des combats, la peur du soldat dans les tranchées sont décrites dans des livres publiés pendant ou après la guerre, comme le Feu d’Henri Barbusse, qui obtient le prix Goncourt en 1917. L’immense entreprise de commémoration initiée après la guerre témoigne du traumatisme moral qui touche alors la société.

Dans cette mouvance, le site de la bataille de Verdun est l’objet d’attentions particulières. Le combat reste gravé dans les mémoires comme l’un des plus longs et des plus meurtriers du conflit : il fit plus de 714 231 morts, disparus ou blessés… Pour rendre hommage à ces nombreuses victimes, dès le 22 août 1920, sont posées les deux premières pierres de l’ossuaire de Douaumont, haut lieu commémoratif de la Première Guerre mondiale. Verdun est devenu un de ces « lieux de mémoire » que Pierre Nora répertorie dans l’ouvrage du même nom.

Douaumont. Coll.BMM  Douaumont. Coll.BMM

Douaumont. Coll.BMM  Tombe Douaumont. Coll.BMM

Plus proche de Metz, le Bois-le-Prêtre, lieu d’affrontement entre Français et Allemands, fut le théâtre de combats d’une extrême violence dès septembre 1914. Loin des obus et de l’artillerie lourde qui fondirent sur Verdun, ce fut avant tout une bataille d’une rare sauvagerie au cours de laquelle furent amployés les premiers gaz asphyxiants. En six mois, plus de 14 000 combattants des deux camps périrent sur ce site, qui faisait moins d’un kilomètre carré …

  Croix des carmes. Coll.BMM  Croix des Carmes. Coll.BMM

  Croix des Carmes. Coll.BMM  Croix des Carmes. Coll.BMM

Vulgarisée par la notion historique de lieux de mémoire, développée dans les années 1980, cette approche de la mémoire et de son tourisme se concrétise par une promotion politique orchestrée par le ministère de la Défense. En 2004, le gouvernement a mis en ligne le site « Chemins de mémoire», qui permet l’identification des sites et des enjeux de leur mise en valeur, en mettant l’accent sur les lieux marqués par les conflits territoriaux français depuis les fortifications de l’époque moderne jusqu’aux guerres de l’époque contemporaine. Dans le cadre particulier de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, une mission a été mise en place sous l’égide de différents ministères, et dont l’activité se retrouve sur le portail ad hoc. Un site à compulser sans modération pour y glaner des idées de sorties cet été…

 

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Anne D.

Bibliothécaire - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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