En regardant la dernière version du découpage régional, récemment voté par les députés, une impression de déjà-vu ne manque pas de frapper l’observateur.
En effet, la nouvelle forme des régions ainsi modifiées rappelle assez les grandes principautés médiévales.
Pour ne prendre que quelques exemples parmi les plus frappants :
Le duché de Normandie, le comté de Toulouse et le comté de Flandres ressuscitent dans leurs limites de la fin du XIIe siècle. L’Aquitaine nouvelle évoque la principauté d’Aquitaine, celle du Prince noir, au cours de la Guerre de Cent ans. La réunification de la Franche-Comté et de la Bourgogne reconstitue le duché de ce nom au début du XVe siècle. Pour peu que l’on se décide à lui rattacher la Loire-Atlantique, le duché de Bretagne retrouvera ses limites médiévales.
Et, cerise sur le gâteau territorial, la Champagne-Alsace-Lorraine retrouve les frontières de l’ancienne Austrasie (511-751).
Aussi appelé royaume de Reims, puis de Metz, né du partage du royaume de Clovis, il fut notamment gouverné par la reine Brunehaut, puis par le fameux roi Dagobert. Il fut aussi le berceau des Pépinides, fondateurs de la dynastie des Carolingiens.
L’exemple étant donné et si nos voisins étrangers y mettaient un peu du leur, il suffirait de lui joindre tous les territoires à l’ouest du Rhin jusqu’à la Wallonie incluse pour faire renaître ce grand ensemble territorial. Nous ne serions alors plus dans la Grande Région mais dans la TGR (Très Grande Région), irriguée bien évidemment par des TGV, berceau d’une TGE (Très Grande Europe) dont la capitale serait enfin toute trouvée. Foin de Bruxelles, Luxembourg ou Strasbourg ! Géographiquement et historiquement, Metz s’imposerait en toute logique comme la capitale du nouvel ensemble !
Ces résurrections d’antiques entités politiques ont un précédent. En effet, en 1790, les Constituants, pour créer les départements, s’appuyèrent notamment sur les limites ecclésiastiques. Or, ces diocèses étaient nés de l’installation des premiers évêques dans les « civitas » gallo-romaines, devenues les chefs-lieux des anciennes tribus gauloises. Ainsi, des départements comme le Lot-et-Garonne ou la Lozère recouvrent-ils les territoires des Nitiobriges et des Gabales.
Il est assez fascinant de voir ainsi ressurgir, au gré d’un redécoupage administratif se voulant novateur, les grands traits d’une Histoire qui se rappelle à notre bon souvenir.
Dominique Ribeyre
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