Les cinq enluminures les plus célèbres des Bibliothèques-Médiathèques de Metz vont faire une cure de quelques semaines, le temps d’un petit lifting : corriger la tension de leur peau, rectifier et fixer les couches de couleur.
Mais s’il s’agit d’une certaine manière de cosmétique, il ne faut pas y voir d’artifices. Ces peintures sur vélin de presque 550 ans, qui furent un temps propriété de Jean Lamour, le célèbre ferronnier de la Place Stanislas, ont l’âge de leur histoire mouvementée.
Après être passées en différentes mains nancéiennes, les enluminures ont été léguées à la Bibliothèque de Metz par le baron Louis Numa de Salis, en 1892. Le livre auquel elles appartenaient avait été amputé dès le 18e siècle au moins, suivant la mode du temps, les sept images (il n’en reste que cinq) ont été découpées dans un manuscrit aujourd’hui perdu mais qui était réputé avoir appartenu au roi René d’Anjou. On ne peut imaginer meilleure provenance puisque le texte avait été écrit par le souverain lui-même !
En 1420, alors âgé de 11 ans, René est marié à l’héritière du duché de Lorraine, Isabelle, à Nancy. A la mort de son beau-père, Charles II, en 1431, il devient duc de Lorraine. En février 1453, Isabelle de Lorraine meurt à l’âge de 43 ans. Veuf inconsolable, malgré son remariage dès l’année suivante à Angers avec Jeanne de Laval, il rédige en 1455 le Mortifiement de vaine plaisance, qui s’inscrit pleinement dans les préoccupations spirituelles de la chevalerie. On lui connaît aussi Le Livre des tournois et Le Cœur d’amour espris.
L’œuvre relève de la littérature spirituelle ascétique. Il est composé sous la forme d’une allégorie où le cœur corrompu va être « lavé » par les quatre vertus : Amour souverain, Vraie Espérance, Ferme Foi et Grâce divine. Ce texte, peu diffusé et demeuré un moment dans le cercle étroit des cours princières connaîtra un grand succès au XVIe siècle, notamment parce que René d’Anjou, grand bibliophile, en fit réaliser plusieurs splendides exemplaires.
Les peintures de Metz, naguère attribuées à Barthélémy d’Eyck, sont depuis les travaux d’Otto Pächt et François Avril attribuées au jeune Jean Colombe qui travailla plus tard aux Très riches heures du Duc de Berry. Ces œuvres sont très régulièrement demandées ; leur dernière sortie remonte à l’exposition inaugurale du Centre Pompidou-Metz en 2010.
Trois enluminures représentent Foi, Espérance, Grâce divine et Amour purifiant le cœur de tous les vices qui constituent la vaine plaisance : dissolution charnelle, colère, négligence, envie, orgueil et félonie. Deux autres, les plus fréquemment reproduites, sont intéressantes par leur figuration réaliste : la « femme au moulin » emprunte un passage difficile sous son faix de grain à moudre, un guerrier part à l’assaut de la cité représentant le monde rempli de vices et de délices.
La restauration de ces précieux documents est permise par le concours du FRRAB (Fonds régional de restauration et d’acquisition des bibliothèques) de Lorraine, doté conjointement par le Conseil régional de Lorraine et l’État (Direction régionale des Affaires culturelles).
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4 avril 2013 à 15 h 48 min ·
Bonjour,
Est-il possible de trouver quelque part la transcription des légendes présentes sur ces miniatures ?
Merci d’avance.
28 juin 2018 à 12 h 13 min ·
Hello,
How do I go about getting permissions to use the photograph of Vieille femme portant un sac de blé au moulin?
Please contact my email at: marie.rowland@oxfordarch.co.uk
Thank you.
14 septembre 2018 à 11 h 07 min ·
Hello,
It’s possible, you have just to write the source : Bibliothèques-Médiathèques de Metz, Collections patrimoniales