Issu d’une famille protestante d’origine allemande, le compositeur, claveciniste et pianiste Jean-Frédéric Edelmann est né à Strasbourg le 5 mai 1749 et fera un petit séjour à Metz…
A l’âge de vingt-cinq ans, déjà célèbre, il s’installe à Paris. Ses compositions, à la fois brillantes, exaltées, sentimentales, aux accents romantiques, donc tout à fait novatrices pour cette fin du XVIIIe siècle, plaisent et il est très recherché dans les familles aristocratiques pour l’enseignement du clavecin. Sa célébrité dépasse rapidement les frontières. Ainsi, Mozart écrit : « J’ai joué des fantaisies et de jolies pièces d’un certain Edelmann » (lettre du 14 octobre 1777). Dès les années 1776, il se tourne vers le pianoforte, nouvel instrument, dont il devient l’un des principaux propagateurs en France.
Lorsque la Révolution survient en 1789, Edelmann retourne en Alsace où il adhère aux idées nouvelles de liberté et d’égalité. Il occupera même un temps les fonctions de gouverneur du département du Bas-Rhin. A la demande de son ami le maire de Strasbourg, Philippe-Frédéric Dietrich, il compose un hymne pour la Fête de la Fédération de 1790 qui rencontra un grand succès populaire. Mais la situation politique se dégrade rapidement et, suite à diverses intrigues et accusations calomnieuses liées à leur appartenance à la faction jacobine, lui et son frère Louis sont inquiétés puis arrêtés en décembre 1793.
Passionnée par le personnage, Sylvie Pecot-Douatte, licenciée en musicologie de la Sorbonne, s’est attachée à faire revivre ce compositeur dans un livre (1) et à faire connaître ses œuvres musicales grâce à trois enregistrements consacrés à ses compositions pour clavecin et pianoforte.
C’est dans cet excellent ouvrage que nous apprenons que les frères Edelmann furent jetés en prison à Metz pendant 4 mois (entre décembre 1793 et mars 1794), certainement pour les éloigner de leurs amis restés à Strasbourg. Les lettres qu’ils écrivirent alors pour clamer leur innocence ont été conservées : les mots tracés avec violence, avec de mauvaises plumes, suffisent à percevoir quelles purent être leur indignation, leur colère et leurs conditions de détention. Finalement libérés, ils retournent dans leur ville natale mais, malgré de nombreuses protestations et démarches pour être définitivement blanchis, ils seront à nouveau arrêtés et mis au secret à la Conciergerie à Paris. Cette-fois-ci leur destin et scellé et plus rien ne pourra les sauver. A l’issue d’un procès sommaire dirigé par le sinistre Fouquier-Tinville, Jean-Frédéric et Louis seront guillotinés à la barrière du Trône le 17 juillet 1794, huit jours seulement avant la chute de Robespierre. Leurs dépouilles sont inhumées dans l’une des deux fosses communes du cimetière de Picpus parmi les 1306 victimes exécutées entre le 14 juin et le 27 juillet 1794. Ainsi disparut l’un des compositeurs français les plus prometteurs de cette fin de siècle.
Ironie de l’Histoire, Edelmann avait dédié son opéra « Ariane dans l’isle de Naxos », créé à Paris le 24 septembre 1782… au docteur Joseph-Ignace Guillotin (1738-1814).
(1) : PECOT-DOUATTE, Sylvie .- A la recherche d’Edelmann, le musicien guillotiné .- L’Harmattan, 2003. Elle est décédée l’année suivante.
Pascal L.
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3 novembre 2018 à 15 h 53 min ·
quelle belle découverte
voila je me présente , je m’appel Bernard BERTHIEU , je suis issus de la descendance Jean Frédéric EDELMANN , par ma Grand mère , EDELMANN Julienne Maria Jeanne , descendance à cuba Charles Frédéric EDELMANN né à Cuba , EDEMANN Jean Frédéric expatrié à Cuba , fils de Jean Frédéric EDELMANN , et son Frère Louis Geoffroy EDELMANN faiseur de Clavecin et pianoforte
je suis profondément ravie de pouvoir écouter une des ses pièce d’une part de clavecin et d’autre part une pièce de pianoforte , merci pour cette découverte