120ème anniversaire de la mort d’Ambroise THOMAS

1 Portrait photographique d’Ambroise Thomas - collections BM Metz

Portrait photographique d’Ambroise Thomas – collections BM Metz

Le 12 février 1896 disparaissait le célèbre compositeur messin Ambroise THOMAS dont les œuvres lyriques, aujourd’hui encore, assurent dans le monde entier la renommée musicale de notre ville.

Ambroise Thomas - Musée de la Cour d Or - Photo Laurianne KIEFFER

Ambroise Thomas – Musée de la Cour d Or – Photo Laurianne KIEFFER

 

2 Page de titre des Romances italiennes et vénitiennes d’Ambroise Thomas - Collections BM Metz

Page de titre des Romances italiennes et vénitiennes d’Ambroise Thomas – Collections BM Metz

Né à l’ombre de Saint-Etienne
Fils d’un maître de musique demeurant à Metz, Ambroise Thomas voit le jour le 5 août 1811 au numéro 13 de la rue du Palais.
Très jeune, il montre de grandes dispositions pour la musique si bien que son père lui fait commencer le solfège à 4 ans, le piano et le violon à 7 ans. Devenue veuve, Madame Thomass’installe à Paris avec ses deux fils.
Admis au Conservatoire en 1828, notre compositeur y reçoit notamment l’enseignement de Jean-François LESUEUR (1760-1837).
Premier Prix de Rome en 1832 pour sa cantate Hermann et Ketty, il passe trois ans à la villa Médicis à Rome où il rencontre BERLIOZ qui admire ses premières compositions. Il devait en rapporter des Souvenirs d’Italie, sous la forme de six romances italiennes et vénitiennes pour chant et piano, dont les Bibliothèques-Médiathèques de Metz possèdent un exemplaire.

Une carrière parisienne couronnée de succès
De retour à Paris au commencement de 1836, il ne tarde pas à débuter dans la carrière théâtrale avec une série d’opéras comiques. S’ils furent accueillis avec sympathie, ces ouvrages ne se maintinrent cependant pas, n’ayant pas obtenu le succès populaire qui, seul, donne à l’artiste la notoriété pour forcer la main aux directeurs.

5 Mignon, opéra d’Ambroise Thomas - coffret de disques vinyles - Fonds local musical des BMM

Mignon, opéra d’Ambroise Thomas – coffret de disques vinyles – Fonds local musical des BMM

A. Thomas parut alors vouloir renoncer à la scène et s’enfermer dans un silence qui dura plusieurs années.
Il en sortit enfin, le 3 janvier 1849, avec Le Caïd, opéra-comique en 2 actes, partition gaie et spirituelle, qui le plaça au premier rang des compositeurs français. Elle fut recréée à l’Opéra Théâtre de Metz en novembre 2007 dans le cadre de la première Biennale Ambroise Thomas.
Cependant, c’est en abandonnant le style léger au profit du sérieux et de la grandeur qu’il connut ses deux véritables triomphes : Mignon (1866), opéra en 3 actes dont le sujet est emprunté aux Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, de GOETHE, dont on fêta, fait sans précédent, la millième (!!!) à l’Opéra-Comique le 13 mai 1894 (28 ans seulement après sa création) et Hamlet, grand opéra en 5 actes, son œuvre maîtresse, qui fut joué 384 fois à l’Opéra, de 1868 à 1938.

Outre ses 20 œuvres lyriques et ses trois ballets, il a laissé de nombreuses compositions vocales profanes et religieuses, dont bon nombre furent exécutées à Metz par l’Orphéon, en particulier la Messe en musique, interprétée le 22 novembre 1854, dans l’église Saint-Vincent, par le comité des artistes musiciens de la ville (en tout, près de 200 exécutants !).
Au faîte de sa gloire, Thomas est appelé, le 8 juillet 1871, à remplacer Louis Esprit AUBER (1782-1871) comme directeur du Conservatoire de Paris.
Comblé d’honneur et de titres, il fut en 1894 le premier musicien élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur.

3 plaque commémorative apposée sur la maison natale du compositeur -photographie Serge Osswald

Plaque commémorative apposée sur la maison natale du compositeur -Photographie Serge Osswald

4 maison natale d’Ambroise Thomas - photographie Serge Osswald

Maison natale d’Ambroise Thomas – Photographie Serge Osswald

Ambroise Thomas et sa ville natale
Ambroise Thomas se montra toujours affectueux pour sa ville natale. Il y vint en effet à différentes reprises pour présider des solennités musicales.
En 1868, à l’occasion du concours régional agricole, des fêtes furent organisées à Metz : tir, régates et concours de musique. Celui-ci était présidé par Thomas. Ce fut probablement la dernière fois qu’il visita les lieux de sa naissance car les chroniques locales ne citent plus sa présence après l’annexion allemande de 1870.
Ce fut donc le 31 mai 1868, après la fête du concours, qu’il se rendit pour la dernière fois au Théâtre : « Voici le charmant mélodiste du Caïd – rapporte un chroniqueur de l’époque – le grave compositeur d’Hamlet. L’orchestre exécute en son honneur quelques-unes des pages les plus brillantes qu’il ait signées. C’est une invitation à l’applaudissement, l’applaudissement ad personam. Les hommes se lèvent, battent des mains, se tournent vers le célèbre Messin et crient : « Ambroise Thomas ! » Impossible de faire la sourde oreille ou de la fausse modestie. L’homme de talent se lève, remercie du regard et du geste. Est-ce bien possible ? Il est prophète en son pays ! Ces hommages, si bien mérités, se renouvellent. Il y a enfin parti-pris de faire fête à un glorieux enfant de la vielle cité… ».
Le 12 février 1896, lorsque la nouvelle de la mort du maître arrive à Metz, le Conseil municipal décida qu’une plaque commémorative serait apposée sur sa maison natale et qu’un buste du célèbre compositeur serait placé au Théâtre.

Ambroise Thomas - Commande graphique des BMM à Jean Chauvelot

Ambroise Thomas – Commande graphique des BMM à Jean Chauvelot

Une postérité longtemps critiquée
Hélas, les dictionnaires de musique français les plus récents ne partagent pas l’enthousiasme des contemporains du compositeur messin. Alors que ses principales œuvres sont très souvent programmées dans les grandes maisons d’opéra étrangères, il est courant de lire que l’enseignement d’Ambroise Thomas, qui se révéla par ailleurs un administrateur habile et consciencieux, était particulièrement rétrograde car farouchement attaché au passé et à ses modèles esthétiques (SPONTINI, AUBER) au point qu’il donna naissance, par réaction, aux courants divergents menés par FRANCK et d’INDY.
Quoi qu’il en soit, bien que Mignon et Hamlet se soient longtemps maintenus à l’affiche, le compositeur, adulé de son vivant, est devenu après sa mort le symbole d’un certain conformisme, certains allant jusqu’à taxer sa musique de pompiérisme.

Le tournantdes années 1990
Nous n’avions donc qu’une idée assez abstraite de cette musique dont le charme désuet, pendant près d’un siècle, enchanta des générations d’auditeurs, d’autant qu’à de rares exceptions près, grâce à l’audace de chefs d’orchestre et d’interprètes étrangers, elle ne fut guère servie par le disque.
Nous devons à la biographie du journaliste musical messin Georges MASSON : Ambroise Thomas , un compositeur lyrique au XIXe siècle (Editions Serpenoise, 1996), la première étude sérieuse sur l’homme et l’œuvre qui a notablement contribué à sa redécouverte. Par son implication dans les éditions successives des Biennales Ambroise Thomas et ses activités au sein du Cercle lyrique de Metz, Monsieur Masson a prouvé qu’il était un infatigable défenseur puis promoteur de l’œuvre du compositeur messin.
Mignon et Hamlet ont été programmés à l’Opéra-Théâtre de Metz respectivement aux cours des saisons 1987/1988 et 1990/1991. Enfin, en plus du Caïd déjà évoqué, son dernier opéra Françoise de Rimini a été représenté dans notre ville en 2011.

Ambroise Thomas dans les collections patrimoniales des BM de Metz
Les fonds musicaux patrimoniaux des BMM comptent de nombreux enregistrements des œuvres du compositeur messin, couvrant toute l’histoire de la reproduction discographique, du 78 tours au DVD.
À titre d’exemple , citons le report sur disque compact d’un enregistrement live de Mignon (en français) réalisé au Metropolitan Opera House de New-York le 27 janvier 1945 et gravé à l’époque sur disque acétate. Un hommage du peuple américain à une nation en train de se libérer ?
THOMAS, Ambroise.- Mignon : opéra en 3 actes.- Archipel Ldt. UK (Walhall eternity series), 2009.

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Pascal L.

Bibliothécaire - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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