Ambroise Paré au siège de Metz

Ambroise Paré à MetzLe drame historique CHARLY 9, nouvelle production de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, dont la création mondiale a eu lieu le 5 avril 2014, est une adaptation par Sébastien Lenglet du roman de Jean Teulé (Editions Julliard) qui met en scène Charles IX,né le 27 juin 1550 à Saint-Germain-en-Laye et mort à 23 ans le 30 mai 1574 au château de Vincennes. Charles IX fut roi de France de 1560 à 1574, sa raison ne résista pas aux massacres de la Saint Barthélémy (août 1572) qu’il n’avait pas voulus, mais qu’il ne sut empêcher.

Ambroise Paré, autre personnage central du scenario, premier chirurgien et intime du roi, est une figure importante de l’histoire de Metz en raison de sa participation à la défense de la ville, sous les ordres de François de Guise.

Au début de décembre 1552, dans Metz assiégée par Charles Quint et plus de 60 000 Impériaux, Paré rejoint François de Guise qu’il avait soigné, alors qu’il assiégeait Boulogne (août 1545), « d’un terrible coup de lance qui, au-dessous de l’œil dextre, déclinant vers le nez, entra et passa outre de l’autre part, entre nuque et oreille » et qui depuis portait le surnom de Balafré.

Ambroise Paré au siège de Damvillers (1552,  tableau d’Ernest Board (vers 1912). Welcome Library.La présence du célèbre chirurgien dans la ville assiégée avait redonné espoir aux troupes royales qui essuyaient depuis plus de huit semaines le bombardement incessant des batteries impériales ; en outre, selon Paré, « les blessés mouraient pratiquement tous, au point qu’on pensait que les drogues qui les soignaient étaient empoisonnées. Ceci amena Monsieur de Guise et Messieurs les princes à demander au Roi s’il était possible de m’envoyer vers eux avec des médications. Le Roi fit écrire à Monsieur le maréchal de Saint-André, qui était son lieutenant à Verdun, de trouver le moyen de me faire entrer à Metz par quelque façon que ce fût. Le maréchal St-André et le maréchal de Vieilleville soudoyèrent un capitaine italien qui promit de me faire entrer, ce qu’il fit pour quinze cents écus. Quand nous fûmes à huit ou dix lieues de Metz nous marchâmes de nuit. Approchant du camp je vis à plus d’une lieue et demie des feux allumés autour de la ville, qui faisaient croire que toute la terre brûlait. nous entrâmes dans la ville à minuit à un certain signal échangé entre le capitaine et un autre capitaine de la compagnie de Monsieur de Guise.

Tous les seigneurs assiégés me prièrent de solliciter bien soigneusement sur tous les autres, monsieur de Pienne (Antoine de Hallewin seigneur de Piennes, qui trouvera la mort un an plus tard au siège de Thérouanne), qui avait été blessé sur la brèche, d’un éclat de pierre, à la tempe, avec fracture et enfonçure de l’os. On me dit que de Pienne subit avoir reçu le coup tomba en terre comme mort, et jeta le sang par la bouche, par le nez et par les oreilles, avec grands vomissements, et fut quatorze jours sans pouvoir parler, ni ratiociner : aussi lui survinrent des tressaillements approchants de spasme, et eut tout le visage enflé et fort livide. Il fut trépané à coté du muscle temporal sur l’oscoronal. Je le pensai avec d’autres Chirurgiens, et Dieu le guarist. »

Ambroise Paré au siège de Damvillers, eau forte d’après le tableau de Louis Matout pour l’Académie de Médecine (1875)

Paré relate également le trait humanitaire du duc de Guise envers les blessés du camp des assiégeants, abandonnés lors du départ des troupes impériales : « … On alla où ils avoient campé, où l’on trouva plusieurs corps morts non encore enterrés, et la terre toute labourée, comme l’on voit le cimetière Saint Innocent durant quelque grande mortalité. En leurs tentes, pavillons et loges, y avoient laissé pareillement plusieurs malades. … Mon dit seigneur de Guise fit enterrer les morts, et traiter leurs malades. Pareillement les ennemis laissèrent, en l’Abbaye de St Arnoul beaucoup de leurs soldats blessés, qu’ils n’eurent moyen de faire emmener. Mon dit seigneur de Guise leur envoya à tous vivres à suffisance, et me commanda et aux autres Chirurgiens de les aller penser et médicamenter ; ce que nous faisions de bonne volonté. »

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Pierre-Édouard W.

Conservateur - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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