Quatre petits tours… et puis s’en va ! Le Tour de France à Metz (1907-1910)

Ces jours-ci, les médias se sont extasiés sur l’accueil fait aux cyclistes de la Grande Boucle par les Anglais au cours des trois premières étapes de cette épreuve, souhaitant que ce type de passage à l’étranger, qui n’est pas une première depuis l’après-guerre, se réitère dans les années à venir.

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Carte postale publicitaire pour les cycles Peugeot, illustrée par Henri Zislin ( 1875-1958). Collections des Bibliothèques-Médiathèques de Metz

Or, la première fois que le Tour de France est passé hors des frontières nationales, c’est en 1906 et c’est à Metz ! Cette ville faisait alors partie intégrante de l’Empire allemand. L’Allemagne fut donc le premier pays à accueillir cette grande course française. De simple lieu de passage en 1906, Metz devint ville-étape en 1907.

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Carte postale publicitaire pour les cycles Peugeot, illustrée par Henri Zislin (1875-1958). Collections des Bibliothèques-Médiathèques de Metz

Le président de Lorraine, le comte von Zeppelin-Aschhausen, aristocrate libéral, sportif et francophone accepta volontiers le passage d’une étape à Metz. Mieux, il vint assister lui-même à l’arrivée des coureurs le 11 juillet 1907, près de la porte de Thionville, puis invita les vainqueurs à une réception officielle.

Ayant constaté que, pratiquement, aucun service d’ordre n’était prévu, malgré la présence d’une foule nombreuse, il fit venir rapidement les forces nécessaires. Ce manque de préparation ne se renouvela pas et les années suivantes, par voie de presse notamment, les maires des localités traversées étaient invités à assurer la sécurité des sportifs et des spectateurs.

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Arrivée de Georget, Trousselier et Petit-Breton en territoire allemand (1907).

Qu’elle se déroulât au bureau d’octroi, au Vélodrome du sauvage, au café du Théâtre, place de la Comédie, ou allée des Mérovingiens près du rond-point de l’Esplanade, l’arrivée rencontrait toujours un grand succès populaire.

Elle donnât même lieu à des retrouvailles émouvantes entre François Faber, double vainqueur de l’étape Roubaix-Metz en 1909 et 1910, avec sa mère lorraine, venu le voir gagner.

Mais, progressivement, les officiels se firent plus discrets. C’est que, en 1908, l’affaire de Noisseville était passée par là.

L’inauguration, dans cette localité, d’un monument aux morts commémorant les soldats français tombés en 1870, provoqua des manifestations patriotiques francophiles d’une intensité telle que les autorités allemandes s’en émurent, voyant là une remise en cause de la politique d’acculturation germanique menée en Alsace-Moselle depuis plus de 30 ans.

Après cet événement, une association naquit, La Lorraine sportive, destinée officiellement à cultiver les sports et la musique, mais en réalité à faire resurgir le patriotisme français en Moselle. Tout naturellement, elle se fit le service d’ordre du Tour de France lors de son passage à Metz en 1909 et 1910, en profitant pour jouer du clairon et des marches militaires françaises.

Ce n’était, au fond, qu’un aboutissement logique, puisque, comme on peut s’en douter, l’initiative des dirigeants de l’Auto de faire passer leurs coureurs en Moselle, n’était pas dénuée d’arrière-pensées.

C’est pourquoi, les autorités allemandes retirèrent leur autorisation et il fallut attendre 1919 pour que le Tour repasse par Metz, mais ceci est une autre histoire.

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Dominique Ribeyre

Conservateur - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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