Depuis la parution de l’ouvrage du même nom de Thomas More en 1516, tout le monde a une idée, au moins approximative, de ce qu’est une utopie. C’est la description d’une société idéale où chacun est heureux. Située dans un autre lieu, parfois à une autre époque, c’est un moyen pratique pour l’auteur de critiquer la société de son temps sans trop encourir les foudres de ses contemporains.
Portées par un certain optimisme intellectuel, qui prend ses racines à la Renaissance, se fortifie au siècle des Lumières et atteint son paroxysme à celui du Progrès, les utopies se multiplient et certains pensent même pouvoir procéder à l’avènement de leur société idéale ici et maintenant.
Las, comme pour les fantasmes, la réalisation d’une utopie apporte plus de déboires que de satisfaction. La construction des utopies politiques au XXe siècle se solde par des millions de morts et le Progrès scientifique se révèle, à l’instar de la langue d’Ésope, la meilleure et la pire des choses.
Cette désillusion va amener les écrivains à délaisser les utopies au profit des dystopies. Nous y voilà. Une dystopie est une sorte d’utopie totalitaire où la société, pour le bonheur de tous, instaure des règles que nul ne doit contester, si ce n’est à ses risques et périls.
Les plus pernicieuses sont celles qui assurent un réel confort matériel à ses membres, tout en les confinant à une certaine paresse intellectuelle, pour ne pas dire une inconscience totale, dépourvue de tout sens critique.
De 1984 à Gattaca, les exemples sont légion, notamment en science-fiction, terrain de prédilection pour tous ceux qui veulent imaginer des univers différents.
Mais d’autres univers plus familiers et apparemment plus inoffensifs ne sont-ils pas de redoutables dystopies ? Le monde des Schtroumpfs, par exemple, n’est agréable que si l’on accepte de vivre dans un champignon, et dans une société où l’élément féminin représente à peine 1% de la population. L’ouvrage tant critiqué d’Antoine Bueno est assez éclairant à cet égard.
Pour vous faire une opinion, vous pouvez venir emprunter les ouvrages présentés au Patio de la Médiathèque du Pontiffroy, du 8 janvier au 9 février. Tout au long de l’année, vous pouvez également emprunter les ressources sur ce sujet dans le réseau des Bibliothèques-Médiathèques de Metz, qu’il s’agisse de livres, de bandes dessinées ou de films.
Dominique Ribeyre
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