Isabelle Cridlig s’est initiée à l’art du croquis, du portrait et de l’aquarelle lors d’un séjour professionnel à Madagascar. Depuis son installation à Metz, en 2010, cette artiste travaille un art singulier et patient le travail le long d’un trait ininterrompu. Virtuose du trait continu, elle développe son travail, après de multiples recherches, dans différentes dimensions :
- Abstraction géométrique, en petit format comme sur des œuvres d’un mètre carré : série « Trame », série « Itinérance »;
- série « Végétalité », comprenant notamment un travail autour de l’arbre ;
- série « Vitalité », comprenant des figurations anthropomorphes proches des arts premiers.
Isabelle Cridlig s’inscrit ainsi dans la lignée de Claude Mellan (connu notamment pour une « Sainte face » gravée d’un seul trait de burin, partant de la pointe du nez du visage, œuvre présentée en début d’exposition) mais aussi, plus proches de nous, de Markus Raetz ou de Sol LeWitt récemment exposé au Centre-Pompidou-Metz, des artistes qui transforment la ligne en espace.
« Plus encore que le dessin, c’est l’action de dessiner qui intéresse ma recherche. L’action de dessiner comme processus, en écho aux processus naturels observés dans la durée, qui révèlent la fluidité des matières et la vitalité de nos mondes en perpétuel devenir. Qu’il soit d’ordre organique ou géologique, par exemple, chacun de ces processus témoigne de la puissance du temps à faire émerger, à partir de la répétition de phénomènes minuscules, des évènements d’une tout autre nature et d’une tout autre échelle.
Le principe de répétition est central dans ma démarche : un système, une action graphique élémentaire est décidée au départ, puis le mouvement est répété inlassablement, identique et unique. Une pratique du dessin qui engage le corps dans une dimension tant performative que méditative. Il s’agit pour l’artiste d’être dessinant, participe présent. »
Les BMM ont acquis un portrait de Verlaine constitué par un trait reproduisant au départ la silhouette du buste de la statue de l’esplanade de Metz (James Vibert, 1925) et parcourant en involutions simplifiées un parcours qui dresse les profils supposés du poète à rebours de sa vie, jusqu’au bébé du centre de la composition.
Les BMM ont commandé à l’artiste en 2013 « Fil de lecture », en première exposition à la Médiathèque Verlaine. Le projet consiste à explorer la lecture en terme d’action physique – l’action de lire – observée dans une dimension à la fois spatiale et temporelle, inscrite dans la durée. Dans ce dessin, une ligne continue représente le fil des durées de lecture mises bout à bout, dans une vie par exemple ou dans une bibliothèque. La ligne est animée par un système graphique inspiré du mouvement de va-et-vient des yeux sur la page, du doigt qui suit la lecture.
La répétition du mouvement conduit à la prolifération du tracé ; une forme se dessine, celle d’une durée qui s’allonge en quête de surface, forme en extension sur rouleau de papier. Une ligne unique de plus de 8 kilomètres, le Fil de lecture, relie ainsi plus d’un millier de « livres » et propose le dessin d’un parcours, de lire en lire, page à page. Ce fil de lecture est long de 36,5 m, en référence au rouleau de Sur la route de Jack Kérouac.
Par convention, la Ville de Metz autorisera son usage par l’artiste pour des installations et d’éventuelles proliférations ultérieures de l’œuvre.
Isabelle Cridlig est présentée dans la Galerie de Verlaine (Pontiffroy) pendant le mois de mars 2015.
André-Pierre Syren
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