Deux plans de Metz sous le proconsulat de Belle-Isle

Les collections anciennes de la Médiathèque Verlaine viennent de s’enrichir de deux superbes cartes manuscrites d’une grande fraicheur de couleurs provenant de la bibliothèque des ducs de Luynes, au château de Dampierre dispersée en avril dernier.

Plan de Metz avec ses projets - coll.BM Metz

Plan de Metz avec ses projets – coll. BM Metz

Plan rapproché du bâtiment "la Missionnaire" - Coll.BM MetzDessinées à l’encre et au lavis elles fournissent deux représentations de Metz dans le second quart du XVIIIe s. A première vue le «  Plan de Metz avec ses projets »,  non daté est très proche du plan de Metz avec ses projets 1741. Deux petits détails de la légende permettent de supposer qu’il n’a pas été confectionné à Metz, ou que dans tous les cas, le cartographe ne connaissait pas très bien la ville : Place Chambière en effet, il est possible de relever à l’emplacement du pavillon des fours (boulangerie militaire) construit sur ordre du gouverneur Belle-Isle, d’avril 1737 à Plan rapproché de la " Porte du Bon Secours " - coll.BM Metzfévrier 1741, un bâtiment au nom étrange de « la Missionnaire » pour l’amunitionnaire (amunitionner = approvisionner). Cette identification n’est pas sans rappeler celle fournie par le « plan de Metz de Mr de Rotzamar » dont on connait deux éditions (1780 et 1781) qui donne pour le même bâtiment : le nom d’une congrégation religieuse quelque peu problématique « Sœurs (pour Fours) de l’amunitionnaire » ou encore à la Citadelle : « Porte du Bon Secours » pour « porte de secours ».

Plan de Metz avec ses noms de paroisses et couvents - coll.BM Metz

Plan de Metz avec ses noms de paroisses et couvents – coll. BM Metz

Plan rapproché - Ancienne Place d'Armes - coll.BM MetzPlan rapproché Cathédrale de Metz - Nouvelle Place d'Armes - coll.BM MetzLe second document est un « Plan de Metz [vers 1737-1741] avec les noms des paroisses et des couvents ». Un cartouche en haut à droite porte le titre : « Plan de la ville de Metz avec tous ses projets » Une légende de 24 lettres majuscules et signe « & »  et de 10 lettres minuscules et signe « + » permet de relever à la lettre g : «  Place St Jacques : nouvelle place d’armes ». On sait en effet  que le comte ( fait maréchal en 1740, il sera duc et pair en 1741) de Belle-Isle  avait, dès 1728, retenu d’agrandir l’ancienne place devant la cathédrale au détriment du cloitre et des ses chapelles  pour créer une nouvelle place d’armes. Devant l’opposition du chapitre de la cathédrale, il avait envisagé en 1738, d’agrandir la place St Jacques jusqu’à la Fournirue, avant de revenir en 1749 au projet qui sera finalement réalisé à partir de 1754. Un cartouche en bas à droite donne l’échelle (180 toises pour 7,2 cm ;   pas de rose des vents ; l’axe nord sud  correspond à la diagonale du plan le nord est en bas à gauche) ainsi que le nom des paroisses et couvents de la ville avec 49 renvois. Ce plan, des plus intéressants,  permet de relever divers détails de l’urbanisation de Metz sous l’action de ce gouverneur exceptionnel à plus d’un titre qui tient en sa main, outre les plus hauts pouvoirs militaires, la Municipalité et l’Intendance : A la porte Mazelle  de nouveaux aménagements hydrauliques sont mis en place après la construction des nouvelles fortifications ; Outre Moselle, l’enceinte médiévale de Chambière n’est pas encore démolie ; un projet de lotissement d’un quartier neuf est signalé entre St Clément et St Vincent ; place Chambière, les fours militaires manquent encore,  tandis qu’au Saulcy, le Théâtre et l’Intendance restent à construire. Au Fort Moselle, si l’hôpital militaire (1732-33) est déjà en place, il n’en est pas de même pour l’église St Simon et St Jude dont la première pierre ne sera posée qu’en juin 1737 ; diverses  fortifications sont encore à l’état de projet : la double couronne de Belle-Croix,  les fronts extérieurs de Chambière et de la Citadelle,  la Lunette de la Seille.

Venant compléter la suite d’une vingtaine de plans manuscrits de Metz  (entre 1730 et 1780) que possédait déjà la Médiathèque Verlaine, ces documents, outre leur aspect attrayant et leur provenance exceptionnelle, enrichissent indéniablement la connaissance que nous pouvons avoir de l’évolution de la ville qui s’agrandit, s’aère, accueille de nouveaux équipements civils et militaires alors que dans le même temps elle s’impose comme l’une des plus redoutables places assurant la sécurité des frontières du royaume.

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Pierre-Édouard W.

Conservateur - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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