Partez à la rencontre d’une Figures de Metz © méconnue :
Trois surprenantes affaires judiciaires au temps de Napoléon 1er, d’amours fous en querelles d’héritages, tel est le titre du dernier essai de Michel Verwilghen, professeur émérite à la Faculté de droit de l’Université de Louvain (Belgique). Auteur de nombreux ouvrages juridiques et historiques, l’auteur a écumé durant plusieurs années les bibliothèques et services d’archives d’Europe, de Turin à Saint-Pétersbourg, en passant par Metz, pour nous restituer avec passion trois affaires ayant abouti en dernier recours, après des années de procédure, devant la Cour de Cassation de Paris et son procureur général Philippe Merlin de Douai, haute figure de la Révolution et de l’Empire.
Trois récits hauts en couleur qui partent d’histoires d’amours, souvent lointaines (l’auteur nous fait voyager de Géorgie en Egypte, de Bavière en Ligurie, d’Haïti en Russie), brisées trop tôt par la mort de l’époux et par la cupidité de familles qui tentent de renier la validité de ces mariages et de spolier les veuves de leur légitime héritage. L’affaire Pastoris nous narre le destin d’une jeune piémontaise, qui s’est crue veuve un peu vite, s’est retrouvée bigame sans le savoir, puis deux fois veuve, a dû se battre pour sauver l’héritage de sa fille, avant d’épouser en troisièmes noces, au bout de nombreuses années à arpenter les tribunaux… un avocat.
L’affaire Cardon nous conduit sur les traces de deux musiciens jusqu’à la Cour des Tsars. Deux couples qui se séparent, se remarient, un décès impromptu et un imbroglio juridique entre la France et la Russie, où les relations diplomatiques entre les deux pays, en pleines guerres napoléoniennes, ajoutent leur grain de sel. A chaque fois Michel Verwilghen sait nous faire revivre le contexte géographique, historique et politique, et nous faire rencontrer quelques grands de ce monde, de Napoléon 1er à sa sœur Pauline Bonaparte, du comte Cheremetiev à la Grande Catherine de Russie, du comte de Rochambeau à Toussaint Louverture.
Mais l’histoire qui nous tient à cœur ici est celle de la première affaire qui se
déroule en grande partie dans notre ville où le destin a conduit Marie David, alias Néphis, veuve du général d’Empire François de Faultrier. Fille d’un médecin de Téflis (Tbilissi), la jeune géorgienne est enlevée par les Turcs lors du pillage de sa ville natale et vendue comme esclave en Egypte. Là, son chemin croise un jour un officier de belle prestance, directeur de l’artillerie dans l’armée française d’Orient conduite par Bonaparte jusqu’aux Pyramides. Il l’achète, il l’épouse, il la ramène en France et la présente à ses parents demeurant à Metz, qui lui font d’abord bon accueil.
Mais le général de Faultrier repart à la guerre et laisse sa vie en Bavière, du côté de Nördlingen. Sa mère, ses frères et sœurs n’auront alors de cesse de spolier totalement sa veuve, niant le mariage, renvoyant « l’infortunée égyptienne » à son ancien statut d’esclave. Il faudra sept ans de procédure, entre le tribunal de Metz et la Cour de Cassation de Paris, pour que Néphis soit reconnue officiellement comme la veuve de Faultrier. Elle terminera sa vie en toute discrétion trente ans plus tard dans la cité messine, après avoir épousé en secondes noces un employé de l’Enregistrement et des Domaines, Etienne Noiré.
L’homme qui vint déclarer son décès en mairie était son voisin et propriétaire, François Malardot, père du peintre et graveur Charles André Malardot et du graveur et photographe Gonzalve Malardot, autres Figures de Metz ©. Malheureusement aucun des deux n’a laissé de portrait de Marie Néphis, esclave géorgienne ayant terminé sa vie à Metz.
Jocelyne B.
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