En ce huitième centenaire de la cathédrale de Reims, dont le rôle dans le sacre des rois de France est attesté depuis le début du XIe siècle, il parait bon de rappeler que la cathédrale de Metz elle aussi, connu à deux reprises, au cours du IXe siècle, un rôle identique et pour lequel elle pourrait revendiquer une sorte d’antériorité.
C’est en effet à Metz, ville de saint Arnoul, évêque de Metz (613-628), fondateur de la dynastie carolingienne et dans sa cathédrale, qu’a lieu le second sacre Louis le Pieux (février 835). Empereur depuis 814, le souverain avait été déposé seize mois plus tôt par quelques évêques complaisants à l’instigation de ses fils, impatients de régner. Il est rétabli dans la dignité impériale et reçoit à nouveau l’onction de la main de Drogon, archevêque-évêque de Metz, vicaire pontifical, mais également demi-frère de l’empereur. Deux générations plus tard, le 8 septembre 869, le sacre dans la cathédrale de Metz, de Charles le Chauve comme roi de Lotharingie, aura quelques conséquences sur les sacres des rois de France à venir.
La Francia media placée entre Francie occidentale (France) et Francie orientale (Germanie), s’étendait de la Mer du Nord à l’Italie, avec Aix la Chapelle demeurée capitale impériale. Le royaume avait été, au traité de Verdun (843), attribué à Lothaire, fils de Louis-le-Pieux ; Lothaire II, fils du précédent, avait hérité, en 855, de la partie située entre l’Escaut et le Rhin, à laquelle faute de mieux on donna son nom (Lotharii regnum, Lotharingie, Lorraine). A sa mort, son oncle Charles le Chauve, roi de Francie occidentale depuis 848, se précipite à Metz pour s’en faire reconnaitre roi. La troisième partie des « Annales de la royauté franque » conservées dans l’abbaye de St-Bertin (St-Omer, Pas-de-Calais), dans une copie du début du XIe siècle, ont été rédigées sur l’ordre de l’archevêque de Reims Hincmar, et peut-être par le prélat lui-même, entre 869 et 882. Un passage fait connaitre le détail du couronnement de Charles, dans la cathédrale de Metz. L’archevêque de Reims n’est alors pas encore reconnu alors comme le « faiseur de rois » qu’il prétendra être dans les siècles suivants. Hincmar prend donc quelques précautions et déclare ici se substituer à son collègue de Trèves dont le siège est vacant (Reims et Trèves sont les deux archevêchés de la province de Belgique).
Il évoque le couronnement de Louis-le-Pieux à Metz, et par un ajout, semble-t-il, à la réalité des événements, rappelle la filiation de Clovis (dont le fils Thierry transfère de Reims à Metz, la capitale de son royaume) à Louis et à Charles par st Arnoul (que l’on croyait alors descendant des rois mérovingiens), mentionne à propos du baptême de Clovis, le chrême reçu du Ciel. La légende de la Ste-Ampoule du sacre des rois est donc inaugurée ici et quand bien même l’épisode n’aurait pas été dévoilé lors du sacre de Metz, c’est à cette occasion qu’il apparait dans les textes.
Pierre-Édouard W.
Derniers articles parPierre-Édouard W. (voir tous)
- Le diable de la porte des Allemands - 5 juin 2014
- Ambroise Paré au siège de Metz - 16 mai 2014
- Deux plans de Metz sous le proconsulat de Belle-Isle - 20 mars 2014