« Les souvenirs
Sont du passé qui espère. »
Le poète Jean Mambrino est mort la semaine passée à 90 ans. Ce poète, ami de René Char, de Julien Gracq et de Georges Simenon était jésuite et enseignant. Il avait passé une quinzaine d’années à Metz lorsqu’il était professeur de lettres et d’anglais au Collège Saint-Clément. Passionné par le théâtre, il avait initié son élève Bernard-Marie Koltès à cet art, et était revenu à Metz témoigner en 2009 à l’occasion de l’année Koltès des premiers pas théâtraux de son élève.
Fondu de cinéma, ami des réalisateurs de la Nouvelle Vague, particulièrement de François Truffaut, il anima dans les années 60 les débats du ciné-club du Royal avenue Gambetta. Les spectateurs de l’époque se souviennent encore des querelles de cinéphiles qu’il y entretint avec Jean-Marie Straub, cinéaste messin plus marxiste que catholique.
A partir de 1965, il publiera régulièrement des recueils de poésie, qui seront récompensés par d’importants prix littéraires, le prix Apollinaire, le prix Jean-Arp, le prix de poésie de l’Académie française. Mais malgré ces honneurs sa poésie est toujours restée simple et immédiate comme en témoignent ces vers :
LIBRE
Il n’y a pas de porte
ni de gardien dans la forêt
bien qu’elle soit le Temple.
Rien à ouvrir ou à fermer.
Chacun trouve en elle son chemin.
Sa lumière dans les bouleaux.
Puis les feuillages retombent
et gardent le secret.
Didier D.
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23 octobre 2012 à 10 h 48 min ·
attristé par cette nouvelle.
JFM fut mon prof d’anglais dans la deuxième partie de mes années de cancritude à saintclèm’. Souvenir de lui comme un prof « moderne », enthousiaste, et qui savait glisser sa soutane dans sa large ceinture pour une partie de foot entre les plaques de neige dans la grande cour. Il avait gagné le concours de poésie des jés’ du collège contre le très vieux jésuite, mortifié à cette occasion, ancien speaker de radio-Vatican (nom oublié).
J’ai revu JFM en mai 68 sur la scène de l’Odéon alors qu’il menait, en civil, avec fougue, un débat sur le cinéma. L’ambiance dans le théâtre ressemblait à la peinture du Serment du jeu de paume. Dans les années 95, nous avons évoqué son souvenir avec mon pote Jean-Marie Koltès à Strasbourg, puis, très récemment et inopinément, lors d’une interview à la communauté urbaine de Strasbourg que j’ai menée avec GOORMAGHTIGH Jacques [Jacques.GOORMAGHTIGH@strasbourg.eu] responsable du secteur poésie.
RIP cher RPJ
M Denis
28 février 2013 à 19 h 17 min ·
Bonjour Michel
En effet que de souvenir !! Que deviens tu ?
J ‘ai trés souvent des nouvelles de Jean Marie et toi ?
Je t ’embrasse et espère un petit mot de ta part
Anne Marie
24 octobre 2012 à 11 h 59 min ·
En lisant l’article, je me suis souvenue de l’ambiance des séances de ciné club auxquelles j’ai pu assister. Ceux qui étaient à Saint Clément comme le dit Michel Denis, en parlaient beaucoup!
29 avril 2013 à 14 h 25 min ·
Jean Mambrino s’est éteint, alors qu’il était le flamme même. Nous nous étions rencontrés il y a bien longtemps dans une équipe de formation, lorsque le Crédit Agricole (oui, je dis bien : le Crédit Agricole) offrait à certains de ses jeunes cadres et de ses vieux serviteurs une large vue sur l’art et l’érudition. J’intervenais pour la musique que Jean M. goûtait peu, d’ailleurs. Cela n’a pas empêché l’amitié de s’installer. Jean m’a fait un jour une confidence terrible : il s’occupait particulièrement des fils Malraux, lequel en bon républicain les avait confiés aux Jésuites, lorsqu’un Père lui recommanda un beau jour d’écouter les « Kindertotenlieder », de Mahler. Le lendemain, Jean Mambrino apprenait la mort des deux garçons dans un accident de voiture. Cela se passe de commentaire. Beaucoup de souvenirs s’attachent à lui, personnels et littéraires. Les doutes sont-ils devenus des certitudes ?
Sylvie Oussenko
15 mai 2013 à 8 h 37 min ·
Aujourd’hui le Père Mambrino aurait 90 ans et c’est avec énormément d’émotion que je pense à Lui.Le Père Mambrino m’avait initiée au théatre en 1966 à St Clément à Metz en me confiant le rôle-titre de la Jeune fille Violaine de Claudel.Depuis, j’étais restée régulièrement en contact avec le Père et, notamment pour son anniversaire.
Que de tristesse! Heureusement il nous reste son oeuvre…
Nicole alias Violaine
27 septembre 2013 à 15 h 24 min ·
1 an déjà que le Père Mambrino nous a quittés !Mais comme le disait Montaigne : » Les morts, je ne les plains guière ,et les envierais plutôt… »Et puis,comme il l’avait souhaité,le Père Mambrino est passé à la postérité.
Nicole alias Violaine
17 octobre 2016 à 22 h 16 min ·
J’apprends ce jour (17/10/2016) la mort de Jean Mambrino !
Souvenirs inoubliables vécus en 1984 à l’IFOCAP, (institut formation cadres paysans), où il nous a fait découvrir avec une passion extraordinaire le film « Amadeus », et vu avec lui deux pièces: « la danse de mort » avec Michel Bouquet, « Oh les beaux jours » avec Madeleine Renaud et JL Barrault.
Merci Jean !!!
Vincent d+
12 janvier 2017 à 10 h 04 min ·
merci de votre témoignage Bigot c’est par vous que je viens d’apprendre la mort de Mambrino que j’apprécie
9 mars 2017 à 19 h 19 min ·
Merci d’avoir rappelé Jean Mambrino par le poème « Libre », d’une beauté et d’une sensibilité limpides !
30 mars 2019 à 4 h 09 min ·
Eh bien, moi qui suis en extase permanente – proche ou éloignée- des poésies de Jean Mambrino, j’apprends par ce logiciel… Qu’il était religieux !!
La lumière de ses poèmes peut provenir de sa foi, je le comprends, mais cette dernière- la foi religieuse- jais n’est mise en avant: elle alimente très probablement son inspiration, mais l’on peut goûter à pleines dents, à plein cœur, toute son œuvre sans être informé de sa religion. ( cf St Jean de la Croix, parfois…)
Il n’était pas « musique », lis-je?
Dommage…
Compositrice, j’utilise parfois en filigrane , fascinée par la profondeur subtile obtenue pourtant par une déroutante simplicité, certains de ses vers ; le + souvent, un de ses dystiques (in « le mot de passe », un de mes livres de chevet..)
Qu’il soit récompensé à jamais de tous ses bienfaits.