Vincent Gagliardi, les incertitudes du paysage

À partir du 15 septembre, vous pourrez admirer les créations multiformes de Vincent Gagliardi, graveur et plasticien, dans une installation intitulée « Les Incertitudes du paysage ». L’univers mouvant de l’artiste interroge le visiteur. Ni en rupture avec l’esthétique, ni en lien avec le conventionnel, il est avant tout authentique.

En prévision de l’installation nous lui avons rendu visite, dans son appartement tout d’abord, puis à son atelier. Sobre, le logement qu’il occupe avec sa compagne, éclairé par de grands murs blancs, expose sans ostentation quelques-unes de ses créations artistiques tandis que son atelier recèle une véritable manne. Posées en divers endroits, cachées sous des bâches, dans des recoins, les pièces s’accumulent ; le regard, dès le premier abord, est devenu une victime consentante.

Délicieuse rencontre dénuée d’artifices où les professionnels du livre cherchèrent à pénétrer la pensée de l’homme de l’art. Les bibliothèques sont classiquement le territoire des livres et on s’attend naturellement à les croiser sur des rayonnages. A des moments privilégiés, on en rencontre les auteurs, lorsque c’est possible. Moins fréquemment, on y croise des artistes. Comment restituer à l’aide de quelques œuvres, parmi une somme considérable, la formidable cohésion de tout un ensemble ? Choix concerté mais libre-cours aussi est donné aux désirs du créateur qui montait déjà mentalement la scénographie.

Objets drôles ou drôles d’objets, pour l’heure, le vocabulaire classique n’est pas efficace pour celui qui tente d’y mettre des noms ou de les rattacher à un système, un mouvement, un concept. On ne se préoccupe pas de définition théorique ou de position dogmatique, l’art est singulier et on s’en approche pour tenter de le cerner.
Montages monumentaux, volumes déployés tout en étant bridés ; des barreaux de chaise mutent pendant que le plateau oscille vers autre chose qu’une assise ; des bobines de fils deviennent bronchioles sur deux poumons de bois ; une cote de mailles, ceinte d’une sorte de buste, se moque de toute tentative d’utilisation ; des liens plastifiés incrustés dans des socles juchés sur des assiettes-tourniquet, fusionnent.

L’artiste récupère des matériaux premiers du quotidien ou plus inhabituels, les désarticule pour mieux les assembler à son idée, les transfigurant. Il endosse chaque morceau avec un matériau humble, mémoire des passages, des histoires de couloirs ou de pièces utilitaires : un balatum alutacé. Il agit comme une seconde peau, solide et éternelle. Un long travail de peaufinage en magnifie les traces les plus domestiques et le support se transforme en un cuir à la belle patine.

Son univers proliférant trouve une magnifique expression sur le papier qui est souvent le territoire natif des futurs volumes. Vincent Gagliardi grave le lino en creux, créant de son geste des reliefs. En un seul passage sous la presse, il obtient des linogravures d’une densité remarquable et bien que sous cadres, elles s’émancipent grâce aux grandes marges blanches. D’autres fois les pages gravées réunies forment un livre d’artiste. On se souviendra plus particulièrement de ceux édités pour la jeunesse aux éditions Grandir.

Chez lui tout est combinaison et conjonction. Ses œuvres fortes, graphiques et sculpturales, s’épanouissent dans le vide qu’elles génèrent. Les pièces, certaines en suspension, créent de la gravitation par leur puissance expressive et appellent au toucher, qui n’est pas interdit. Il vous faudra reprendre votre souffle et en faire le tour délicatement, l’art de graveur et de sculpteur de Vincent Gagliardi n’a pas qu’un seul horizon.

Du 15 septembre au 15 décembre, Médiathèque du Pontiffroy, Metz

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Marie-Paule Doncque

Bibliothécaire - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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