Ecriture ? Ecritures !

C’était en mai. Elles étaient cinq : Isabelle, Mylène, Géraldine, Lætitia et Marion.

Elles avaient trente minutes pour écrire sur le thème des jardins.
Il fallait à partir d’un tableau de Caillebotte (le peintre fut dévoilé à la fin) imaginer avec ses mots ce que le peintre avait voulu donner à voir.

Cinq textes, cinq points de vue et sensibilité différents… Extraits des ateliers d’écriture :

Tristesseles-roses-jardin-du-petit-gennevilliers-01
Marguerite est partie dans son jardin… Elle y voue une passion sans bornes. Son jardin n’est pas un potager où les légumes se partagent la part belle avec les fleurs ou toute autre plante d’agrément. Ni tomates rougeoyantes, courgettes rebondies, plants de fraises rasants ou groseilliers courbés !
Marguerite n’aime que les fleurs. Des heures, des jours, à planter, nettoyer, harmoniser. Marguerite n’a que ses fleurs à s’occuper. Parce que Marguerite n’a rien d’autre dans sa vie que consacrer du temps à l’éclat des pétales de ses roses, à la beauté des corolles de ses tulipes, à la tenue des lilas près de la verrière.Marguerite est seule, entourée de ses fleurs.
Sa vie est un bouquet de solitude, composé de couleurs multiples, éclairant le décor de ses journées ternes et sombres …Géraldine

Hélène était fébrile, son cœur se serrait, le temps passait lentement, trop, à son goût, son anxiété grandissait… Juin était là, annonçant l’été. Cherchant un remède à sa mélancolie, elle descendit au jardin où ses amies l’attendaient, fidèles et roses à souhait. Son petit compagnon ressentant sa tristesse lui emboîta le pas sans faire de bruit.
Le lieu était sobre, le vent dominait faisant écho au gris des vieux murs palissés. Un massif de roses anciennes illuminait la douceur du matin finissant. La jeune femme caressait ses fleurs délicatement. Elle leur parlait doucement, confiant sa peine. Leur parfum suave l’enivrait et, à les contempler avec tant d’amour, elle en oublia un peu son chagrin. Le cœur apaisé, elle se mit à fredonner une ritournelle du temps passé.
Avant cette satanée guerre, sa vie était heureuse, elle ne le réalisait pas. Maison bourgeoise, parents sévères mais aimants, un unique frère, Charles, prunelle de ses yeux, de trois ans son cadet. Depuis la mort de ses parents, elle s’occupait seule de la maison familiale, aidée de sa fidèle Maria. Son frère, mobilisé au début de la guerre, n’avait plus donné de nouvelles depuis la bataille des Flandres.
Aujourd’hui, tout était différent. La vie n’était plus la même. Toutes les femmes de son village survivaient, en espérant le retour d’un père, d’un mari, d’un fiancé, d’un fils, d’un frère. Peu serait exaucé, elle le savait pertinemment. Aurait-elle cette chance ? Elle voulait y croire, envers et contre tout. Hélène était sûre que la guerre allait se terminer avant l’hiver. Elle s’accrochait de toutes ses forces à cette infime certitude. …..  Isabelle

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Ballade dans le petit bois du grand jardin

Je m’arrête un petit peu à l’ombre. Malgré la présence des arbres du petit bois, la lumière est vive et chauffe le chemin. Clarté blanche d’une matinée d’été bien entamée. Atmosphère presque complètement silencieuse avant la reprise du bal des oiseaux, rassurés. Je ressens le calme d’une journée bien ensoleillée.
Malgré l’intensité de cette lumière qui atténue les couleurs et les contrastes, les petites touches bleues des fleurs dans la frondaison, les différentes nuances de vert du feuillage attirent mon regard. Vert tendre, vert anglais, gazon, bouteille kaki, les verts sont nombreux. Mélange du bleu et du jaune. Oui. Mais ajoutons une petite goutte de rouge, une petite pointe de noir ou de brun et un vert différent apparait, un vert de plus, un autre vert. Les petites fleurs bleues surgissent çà et là. Les rouges aussi à travers la profusion de feuillage. Des petits points rouges dans la mêlée des touches vertes presque jaunes au pied de cet arbre au tronc si fin.
Je m’arrête pour faire une photo. Mais arriverai-je à rendre visible toutes ces petites touches de couleurs qui m’émeuvent ? Ma photo ne va-t-elle pas affadir l’image que j’ai sous les yeux ? Je préfère, assurément, la lumière de fin d’après-midi.
Je ne suis ni le photographe, ni le peintre expérimenté qui pourra faire ressortir d’un côté la lumière vive éblouissante qui s’étale sur le chemin et le tronc de l’arbre devant moi, et de l’autre toutes les nuances des feuillages au bord du chemin ombragé.
Mais je déclenche quand même, pour tout simplement pouvoir faire ressurgir, de temps en temps, le souvenir de cette ballade, dans le petit bois harmonieusement calme.  Marion

Je suis le chemin de la vie comme je m’égare dans la forêt. Telle Alice, j’ai perdu mes repères. En grandissant, j’ai cessé de courir derrière le lapin pour m’offrir sans concession à cette immensité de verdure parfois inquiétante, souvent réjouissante, toujours inspirante et pleine de surprises. Le sentier tortueux de la vie paraît infini. Où mène-t-il ? Peu importe. Le bonheur n’est pas au bout du chemin, il est le chemin lui-même. Laëtitia

Le prochain atelier animé par Nathalie aura lieu samedi 29 octobre 2016 de 10h30 à 12h30, sur le thème du cinéma.

Inscription gratuite      allomairie    ou sur place. Attention places limitées !

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posted: Actus

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