L’hôtel de la Bulette, sur la place Sainte Croix à Metz, après avoir fait partie de l’hôpital de la Maternité jusqu’au début de cette année 2013, est comme lui en cours de restructuration pour abriter dans les prochains mois quelque 147 logements idéalement situés en plein cœur de la ville.
Les guides touristiques, voire certaines études dites sérieuses, n’omettent pas de signaler à l’attention des visiteurs, le grand intérêt de sa façade médiévale aujourd’hui restaurée. Certains, meilleurs connaisseurs de l’architecture comme de l’histoire de la ville, font parfois observer que seules les parties hautes de la façade, ses échauguettes et son crénelage sont des vestiges de l’ancienne construction. Celle-ci, en fait, a complètement disparu en 1934, sacrifiée à l’uniformisation du plan de l’hôpital. La façade que l’on voit aujourd’hui n’étant guère qu’un placage moderne où sont cités quelques éléments anciens.
Les collections des Bibliothèques-Médiathèques de Metz se sont enrichies, voici quelques années, de plusieurs centaines de plaques photographiques, réalisées avant la seconde guerre mondiale par les frères Prillot attentifs aux mutations du paysage messin. On y trouve notamment une photographie de la façade telle qu’on pouvait la voir en 1913, alors que toutes les ouvertures anciennes (à l’exclusion de la porte cochère de la fin du 17e siècle) avait déjà été remplacées (avant 1816 pour celles du rez de chaussées et en 1868 pour celles de l’étage) par des baies modernes et que les fenêtres de l’attique avaient disparu.
En 1440, l’ancien hôtel des La Cour est acquis par la cité pour abriter les services de l’enregistrement de la maltôte, principale source du budget municipal depuis 1326. Le premier représentant connu de cette famille patricienne est Hugo de Curia, maitre-échevin en 1208. En 1267, les La Cour possèdent 5 maisons devant la « Cour Ste Croix ». En 1321, l’hôtel appartient à Willame de La Court ; en 1337, il est passé aux Le Hungre par voie d’héritage. Lors de son acquisition par la cité en 1440, il est entre les mains de Jennat Thirion l’escripvain. Les magistrats s’étaient réservé l’utilisation des caves ; une partie fut aménagée en prison accueillant le plus souvent des prisonniers de guerre, placés sous la garde d’un « doyen des prisonniers » ; ce poste de concierge étant généralement confié au doyen des sergents des Treize. Une autre salle voûtée servait en 1472, de magasin à poudre. En 1508, le bâtiment est définitivement affecté à la détention des prisonniers de la cité.
La chronique de Philippe de Vigneulles signale en 1515, la reconstruction totale de l’hôtel de la Bulette. C’est de cette époque que dataient, outre la façade, les belles caves à colonnes et voutées d’ogives, hautes de plus de 6 mètres qui furent inutilement sacrifiées en mai-juin 1934, à la nouvelle construction qui n’aura finalement servi qu’un peu plus de trois générations.
Pierre-Édouard W.
Derniers articles parPierre-Édouard W. (voir tous)
- Le diable de la porte des Allemands - 5 juin 2014
- Ambroise Paré au siège de Metz - 16 mai 2014
- Deux plans de Metz sous le proconsulat de Belle-Isle - 20 mars 2014