Le 9 octobre 2011, Jean-Luc Moresi a laissé tomber, en cours de lecture, le livre dont il lui restait encore plusieurs chapitres à découvrir.
Il avait ouvert au début des années 80, avec un associé, sa première officine de librairie ancienne au 17 de la rue Taison ; en 1987, il s’installait dans les dépendances d’un commerce d’antiquités au 11, rue des Clercs puis, finalement, au début de 1997, sous sa propre enseigne au 5, rue des Jardins.
Depuis longtemps il s’était associé aux travaux et recherches patrimoniales des Bibliothèques-Médiathèques de Metz. C’est ainsi qu’il collabora par plusieurs articles au succès des Cahiers Elie Fleur avec de multiples études sur les collectionneurs et les beaux livres messins des 19e et 20e siècles : « Du ‘funeste incendie’ du 3 décembre 1871 » (1990) ; « A propos d’une vente fameuse : la bibliothèque Emmery » (1991) ; « Malherbe et les picidés » (1991) ; « Les œuvres de Charles de Villers imprimées à Metz » (1992) ; « Le colonel Brosset ou le besoin de rimer » (1993) ; « Un livre mésestimé : Colette Baudoche illustré par Bouroux » (1999). Pour Metz à table (1992), il donna un pittoresque article intitulé « D’un conte messin et de qui l’écrivit ». Très pris par ses activités professionnelles, il avait néanmoins eu le temps de proposer « L’offre de lecture à Metz, de la fin du 18e à la fin du 19e », une recherche sur les cabinets de lecture, associés souvent à cette époque au métier de libraire, qui fut publiée en 2004 dans Epreuves du Temps, à l’occasion du deuxième centenaire des Bibliothèques de Metz.
Malade, il put mener à terme un projet auquel il tenait depuis longtemps : traduire et publier les Souvenirs de Jeunesse d’un Messin (1884-1904) de l’historien allemand Hermann Wendel.
Il était également un fournisseur discret mais très avisé des Bibliothèques, annonçant l’intérêt de telle vente publique à venir dans la ville et la région, de la prochaine dispersion de telle collection privée… réservant souvent à leur intention, opuscules obscurs et fascicules médiocrement conservés, documents messins de la plus grande rareté mais sans grande valeur commerciale.
Il faisait également profiter de sa place au carrefour obligé de la plupart des ventes de livres anciens. C’est ainsi que plusieurs ouvrages appartenant naguère aux collections municipales, disséminés depuis la dernière guerre chez plusieurs particuliers de la ville, furent restitués gracieusement par son entremise.
Les bibliophiles de Metz, mais également ceux de la Grande Région, ses amis, par delà les frontières et le temps qui passe, sauront se souvenir de lui.
Pierre-Édouard W.
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