Depuis le 22 juin, un documentaire web produit par le Conseil Général de la Meuse, la Fondation du Patrimoine et l’Université de Lorraine (Nancy) retrace le périple que Dom Loupvent, moine bénédictin et trésorier de Saint-Mihiel, effectue avec quatre compagnons en 1531 par voie de terre jusqu’à Venise en passant par Strasbourg, Innsbruck, le Col du Brenner et Trente, puis par voie maritime en faisant escale en Crète et à Chypre pour rejoindre la Terre Sainte.
Plus qu’à la petite animation qui présente le voyage, il faut absolument consacrer du temps à la visite de l’onglet « Thèmes » où 82 documents, regroupés en 21 chapitres, analysent, expliquent, resituent dans leur contexte historique les dits et non-dits de cette grande découverte du Monde et de l’Autre lointain par le moine lorrain, à l’aube de la Renaissance, et que viennent compléter « pour aller plus loin » 32 interventions de spécialistes actualisant pour les pèlerins d’aujourd’hui les pensées et remarques du pèlerin de 1531.
Pour accéder au dessins (cartes et vues à vol d’oiseau) il faudra continuer de recourir à la belle édition de Jean Lanher et Philippe Martin (Editions Place Stanislas, 2007). Rappelons également les Actes des 28e Journées d’Etudes meusiennes (7-8 octobre 2000 à Saint-Mihiel), entièrement consacrées au voyage de Dom Loupvent et publiées aux Annales de l’Est en 2001.
Enfin, bien que le manuscrit du voyage de 1531 soit incontestablement plus moderne et plus riche tant dans le domaine de la psychologie de l’auteur que par diverses considérations géographiques, il faudrait comparer l’évolution du genre et celle des mentalités du pèlerin occidental en relisant cet autre « Saint Voyage » que fit le seigneur d’Anglure en 1395, ou encore la spirituelle « Ballade que fit le seigneur Nicolle Louve quand il fut en mer en revenant de Terre Sainte » (que les chroniques messines rapportent à l’année 1428) tous deux accessibles sur Gallica dans l’édition de François Bonnardot et Auguste Lognon dans la Société des anciens textes français (1878).
Diverses sources (chroniques urbaines, armoriaux, livres de raison, nécrologes) attestent de l’intêret pour le pèlerinage à Jérusalem, Sainte-Catherine du Sinaï et Babilone (le Caire) que portent tout à la fin du Moyen âge mais plus précisément au XVe siècle, patriciens et bourgeois messins. En dehors des multiples mentions concernant le temps des croisades, le premier pèlerin connu dans la région semble être le comte d’Anjou, Foulques Nerra, venu mourir à Metz (l’une des portes de la route du Danube, route terrestre vers la Terre Sainte) chez le parent de sa seconde épouse : l’èvêque Thierry de Luxembourg, en revenant de son troisième voyage en 1041.
Pierre-Édouard W.
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