Un inventeur de génie, une histoire rocambolesque et une mystérieuse disparition … L’histoire du Messin Louis Aimé Augustin Le Prince, pionnier du cinéma, réunit tous les ingrédients du parfait film d’espionnage hollywoodien.
Louis Le Prince est né à Metz en 1841. Son père, Louis Abraham Ambroise Le Prince, officier d’artillerie, est ami avec Louis Daguerre, inventeur du daguerréotype. Ce pionner de la photographie initie le jeune Le Prince à la chimie et lui transmet sa passion pour la photographie.
Après des études à Bourges et à Paris, puis un diplôme d’ingénieur-chimiste obtenu à Leipzig, Le Prince s’installe à Paris où il suit des cours de dessin et pratique la photographie. Il y retrouve alors John Whitley, un ancien camarade de classe. Ce dernier propose à Le Prince de venir travailler dans la fonderie de laiton qu’il possède à Leeds en Grande-Bretagne. Deux ans plus tard, Le Prince devient l’associé de Whitley ainsi que son beau-frère. En effet, il se marie avec la sœur de John, Elizabeth Whitley, une artiste talentueuse.
Avec son épouse, il crée en 1871 The Leeds Technical School of Art, une école d’art appliqué, et se fait connaitre grâce à sa technique pour fixer des photographies en couleurs sur le métal et la poterie. Grâce à ce savoir-faire, il réalise des portraits de la reine Victoria et du premier ministre William Gladstone. Ces portraits sont enfermés dans une capsule temporelle puis placés dans les fondations de l’obélisque de Cléopâtre sur les bords de la Tamise.
En 1881, Le Prince se rend aux États-Unis où il rencontre Théophile Poilpot. Ensemble, ils vont organiser des dioramas et panoramas. Ce procédé consiste en une salle ronde sur les murs de laquelle est projetée une image de 12 m de haut et 120 m de long avec bruitages et lumières, donnant l’impression de mouvement et de relief. Avec des lanternes magiques, Le Prince améliore le réalisme de ses panoramas et réussit à réaliser un chef-d’œuvre en montrant la plus grande bataille navale de la guerre de Sécession, au cours de laquelle s’affrontent, en 1862, les cuirassés « Merrimac » et « Monitor ».
Plaque de lanterne magique
Ce panorama rencontre un vif succès auprès du public, ce qui permet à la famille Le Prince de retrouver une certaine aisance financière. Mais cela ne suffit pas à Le Prince, qui en quête de toujours plus de réalisme, cherche à reproduire dans ses créations une impression de vie. Il décide alors d’inventer une machine capable de restituer la vie et par conséquent le mouvement.
En 1886, Le Prince dépose un brevet, Method of and apparatus for producing animated pictures of natural scenery and life (Méthode et appareils pour reproduire des images animées de scène naturelle et de la vie), pour un projecteur utilisant le principe de « moving pictures ». En effet, il s’inspire des travaux de Muybridge et invente une caméra composée de 16 objectifs, chaque lentille prenant l’image d’un angle légèrement différent de la précédente.
En 1887, Le Prince retourne en Angleterre où il se lance dans la construction d’une nouvelle caméra, celle-ci à une seule lentille. L’appareil sert aussi bien pour les prises de vue que pour la projection. Le 11 janvier 1888, après de multiples essais pour perfectionner son invention, il fait une demande de brevet. En utilisant cette caméra, baptisée MkII, Le Prince tourne Une scène au jardin de Roundhay qui peut être considéré comme le premier film réalisé au monde ! (soit 7 ans avant la projection du film des frères Lumière)
Louis Le Prince utilise son dispositif pour filmer les tramways, des calèches et des piétons sur le pont de Leeds ainsi que son fils jouant de l’accordéon.
Il reste encore un problème à régler, celui de la pellicule ! En effet, Le Prince utilise un ruban fragile et opaque. Le film souple transparent (aussi appelé pellicule) est inventé en 1888 par l’Américain John Carbutt et n’est commercialisé qu’en 1889 par l’industriel américain George Eastman. Cette invention capitale marque la fin du pré-cinéma et les débuts du cinéma.
Malheureusement, Le Prince n’aura jamais l’occasion d’utiliser cette pellicule révolutionnaire…
Rendez-vous dans les Bibliothèques-médiathèques de Metz pour une série d’évènements autour du cinéma, de juin à décembre 2016 :
Lise L
Derniers articles parLise L (voir tous)
- Rencontre avec Sarah Poulain - 17 septembre 2016
- Et si l’inventeur du cinéma était un Messin ? (part.2) - 2 septembre 2016
- Et si l’inventeur du cinéma était un Messin ? (part.1) - 2 septembre 2016
