Aux frontières du genre ! P’tit déj du samedi 1er février 2014
Le Frac Lorraine, bien avant que l’actualité ne s’empare du sujet, avait programmé un long week-end sur le thème du genre : Dress Codes
Il s’agissait, au travers de plusieurs interventions (conférences, spectacles de danse contemporaine) réparties sur plusieurs sites (Frac, Arsenal…) de questionner une notion particulièrement délicate à aborder tant elle relève aussi bien de la sphère publique (la société, ses normes) que de la sphère privée (l’intime, la sexualité).
Le contenu de ce Ptit Déj s’est intéressé, par le prisme culturel, à la problématique de l’identité. En découvrant ou redécouvrant des artistes qui, d’une manière ou d’une autre, apportent leur pierre à l’édifice de la déconstruction des stéréotypes.
Les propositions faites par les membres de l’association Let’s dyke ! et par les bibliothécaires mais aussi la participation active du public (une quarantaine de personnes étaient présentes) ont éclairé, historiquement et artistiquement parlant, les multiples facettes du genre de l’être humain. Une réalité plus complexe et subtile que le seul postulat du sexe biologique. La BD Mauvais Genre est en ce sens éloquente tant elle se fait l’écho (via un fait réel : un soldat-déserteur durant la Première Guerre mondiale, va devoir se travestir en femme pour « sauver sa peau ») d’un refus d’assignation à une identité fixe.
L’art à la rescousse
La tension entre les pôles masculin et féminin constitue un terreau fertile pour les artistes du XXème siècle (la théâtralisation des musiciens glam-rock des années 70, les auto-portraits de Marcel Duchamp en femme…) pour servir le « trouble le genre » ! Soit avec délicatesse, comme dans le duo entre Antony & The Johnsons et Boy George (« You are my sister »), soit en injectant une part de provocation comme chez la canadienne de Peaches.
Par ce Ptit Déj d’un genre particulier et sur un mode de partage et d’échange culturel, nous avons eu la sensation d’ouvrir nos sensibilités à des parcours singuliers (le documentaire Bambi de S.Lifschitz va particulièrement loin dans la quête identitaire). Autant d’occasions de se rapprocher d’une problématique dont les crispations récentes montrent bien en quoi elle fait résonance en chacun de nous ! Comme l’a écrit la photographe Claude Cahun (1894-1954) : « Masculin ? féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours »
Let’s Dyke ! pose la question du genre
Violaine, la présidente de la jeune association messine (crée en janvier 2013) nous présente une partie de la sélection :
« Cette présentation regroupe des artistes qui explore le corps comme un espace de mutation, c’est-à-dire un espace libre et variable. Hybridation et métissage, c’est le lieu propice à la naissance de créatures, tantôt aux frontières du genre, tantôt revisitant les stéréotypes genres en mixant les codes de façon plus ou moins subtil, le tout dans une optique de « réinvention ». Le vêtement et le costume deviennent alors des outils transgressifs et subversifs de dépassement, pour aller plus « autre part », pour aller « plus loin » ; le vêtement est une « seconde peau » (ou plutôt une nouvelle ?), s’il l’on peut toutefois encore parler de quelque chose d’organique. (cf clip « Serpentine » de Peaches) »
Voici la playlist, basée sur les propositions de l’association Let’s Dyke !, des bibliothécaires et du public :
Voici le reportage de Mirabelle TV
Pour aller plus loin :
Le Point G/BM de Lyon
L’espace Egalité de genre de la Médiathèque Olympe de Gouges de Strasbourg
Véronique D.
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