Mediomatrices

Du nom de la ville de Metz et de sa prononciation depuis les Gaulois jusqu’à nos jours.

Vers le 3e siècle avant J-C, le site de Metz est occupé par un peuple celte dénommé par les auteurs latins « Mediomatrices » dont le nom pourrait se traduire par « ceux qui habitent entre les mères » ceci doit être interprété sans doute comme les « deae matres » les déesses mères qui ont donné leur nom à la rivière Matrona aujourd’hui « la Marne »  (le pays de Verdun, à cheval sur la Meuse et qui forme jusqu’au 4e siècle de notre ère, la partie la plus occidentale du territoire des Médiomatriques, atteint l’Argonne arrosé par la Marne) et la Matra, aujourd’hui « la Moder » en Alsace. La capitale des Médiomatriques se trouvant sur le coté alsacien du col de Saverne (selon les auteurs latins, la cité des Médiomatriques, pendant un temps atteint et peut–être dépasse le Rhin). Metz n’est alors qu’un oppidum secondaire de la cité, implanté sur les gués qui permettent le franchissement de la Moselle, bien placé sur l’itinéraire «gaulois» qui par Reims vient du Bassin parisien et des côtes de la Mer du Nord, en direction des pays de l’Allemagne du sud.
Au moment de la conquête de Jules César, la capitale (située sur le versant est du col de Saverne) semble avoir été abandonnée et le chef lieu occupe alors le site de Metz plus central. Metz porte le nom de Divodurum (le bourg sacré ou le bourg voué aux dieux) et semble avoir été un lieu d’assemblées et d’échanges commerciaux établi à proximité d’une vieille nécropole et protégé par une enceinte (mur gaulois) fortification de terre et de pierre à poutrage interne dont les restes ont été mis au jour en Jurue voici une quinzaine d’années). La ville se développe à l’époque d’Auguste. Au second siècle c’est une grande ville avec thermes, amphithéâtre (par ses dimensions le plus grand des gaules et le 4e de tout l’Empire), forum, basilique, etc…). Au 5e siècle (Bas-empire romain), le nom de Divodurum Mediomatricorum (Divodurum des Médiomatriques) disparait au profit de celui de Mettis (prononcé Metss) : contraction de mediomatricis (il en est de même pour Lutetia Parisiorum qui devient Parisis et pour un grand nombre d’autres chefs lieux de cité à la même époque). C’est le nom de la ville en latin (langue de la plupart des textes conservés) pendant tout le Haut Moyen-âge. En passant, vers 1200 du latin, au roman puis au français, la ville (qui, bien que faisant partie de du royaume de Germanie comme Cambrai, Besançon, Genève ou Arles, n’a jamais jusqu’en 1871, parlé allemand) s’appelle, du  13e au 16e siècle, Mes (prononcé Mès) et ses habitants sont les Messins (encore aujourd’hui). Peu à peu cependant du 16e au 17e siècle on retrouve écrit Mets puis Metz (sans doute sous l’influence des recherches linguistiques des académiciens et des sorbonnards parisiens), mais semble se prononcer toujours Mès. Il faut attendre l’annexion de l’Alsace Moselle (Elsass- Lothringen) par l’Allemagne de 1871 à 1918,  puis celle de 1940 à 1944, pour que le nom de la ville soit prononcé «Metze» comme certains présentateurs de la radio et de la télévision française le font encore.

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Pierre-Édouard W.

Conservateur - Bibliothèques-Médiathèques de Metz

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2 comments

  1. L’article intitulé « Médiatrices » m’a appris quelque chose. Merci.
    Autre domaine :
    comment se réalisent les partages de documents entre médiathèque, archives municipales et musée ( Par exemple: les oeuvres d’Auguste Migette )
    Au besoin, on en discutera , à l’occasion, à la médiathèque…
    Bien à vous

    • Bonjour,
      La question de la répartition varie selon l’histoire des villes.
      En principe, les Archives gardent les actes authentiques, les Bibliothèques les documents publiés et les Musées des œuvres d’art. Mais les frontières sont poreuses : les fonds littéraires et de correspondance peuvent se trouver entre archives et bibliothèques, comme les photos et les cartes postales, les gravures qui sont des œuvres d’art éditées sont souvent dans les bibliothèques et les musées.
      C’est ce qui s’est passé particulièrement pour Migette. A l’époque, sous une direction unique, les pièces acquises et jugées belles étaient accrochées et donc versées au Musée, les autres à la Bibliothèque.
      Comme écrivait Buffon « Tout s’opère, parce qu’à force de temps tout se concentre, et que dans la libre étendue des espaces (…) toute matière est remuée. »
      Les collections publiques sont une branche de l’histoire naturelle !
      Miss Média

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