Le fortin du square de Luxembourg
Les travaux du « METTIS » ont permis (notamment) de dégager et de mettre en valeur le fortin du square de Luxembourg situé entre le pont des Morts et la rue Belle-Isle, invisible jusqu’il y a quelques mois tant il était caché derrière la végétation et les grilles qui ceinturaient (depuis 1930 ?) ce petit domaine militaire.
Cette casemate, qui abritait naguère, les répartiteurs téléphoniques du central de la place de Metz, est l’un des derniers vestiges (avec le gros bastion à deux étages aujourd’hui compris dans les bâtiments de l’ancienne manufacture des tabacs et quelques casemates du coffre d’escarpe dépendant du domaine de l’hôpital Belle Isle) du front dit de Saint-Vincent, élevé sous Napoléon III. Cette fortification urbaine témoigne de l’opiniâtreté de la municipalité messine conduite par Félix Maréchal, soucieuse d’offrir à Metz un premier établissement industriel susceptible de fournir quelque centaines d’emplois aux classes les moins favorisées de la cité.
La difficile implantation de la manufacture des tabacs
Un décret du 23 aout 1859 avait autorisé la culture du tabac dans le département de la Moselle la ville devant fournir les magasins et bâtiments nécessaires à la transformation des feuilles. Les 2 hectares indispensables à l’assiette de la manufacture ne pouvaient être trouvés à
l’intérieur des remparts restés – sauf les deux couronnes de Belle-Croix et de Moselle – dans leur état du premier tiers du dix-huitième siècle. La ville avait successivement recherché une implantation à l’extrémité du Pontiffroy, en face de la porte, puis entre la place Coislin et la place des Charrons, à cheval sur la Seille qui aurait alors été mise sous voute, ou encore extra muros, sur les terrains de Chambière ou de Devant-les-Ponts. Face aux réticences de la Régie, la ville proposa encore en 1861, les terrains du Jardin botanique rue du Tombois qui auraient été étendus jusqu’au canal de la Seille, voire le remblaiement de la rive du Fort Moselle, ou en dernière solution, l’avancement vers la rivière, du front St-Vincent dont la structure était encore celle de 1737.
En septembre 1861, le ministre de la Guerre ayant rejeté toutes les propositions engageant le domaine militaire, la ville étudiait le remblaiement des usines du Terme et des lavoirs entre le jardin Fabert et le Pont Saint-Georges. Finalement, pour emporter la décision favorable de l’Etat, la ville s’engageait le 23 septembre 1865 à verser une indemnité d’ un million de francs si, après avancement du front Saint Vincent, un terrain de 3,5 ha était mis à sa disposition.
Tout alla aussitôt très vite : en avril 1867, les terrains déclassés de l’ancienne fortification étaient remis aux Domaines ; 2 ha étaient réservés à la manufacture, le reste devant être en partie intégré au domaine public pour former des espaces verts ; une dernière partie serait vendue par lots pour y construire. Il avait été prévu par la municipalité Maréchal d’y édifier une grande salle de concerts (Antoine Demoget, 1868) à laquelle serait adjointe l’école de Musique et pour profiter des grandes quantités d’eau chaude produites par la manufacture, un établissement de bains. Les événements de 1870 ne le permirent pas et c’est sur ces terrains que s’élevèrent le temple de garnison (1875 à 1881, seule la tour subsiste depuis 1946) et l’hôpital des diaconesses (1886 à 1889, aujourd’hui Hôpital Belle Isle). A l’autre extrémité, la caserne des Pionniers du Génie (Caserne Riberpray) fut bâtie entre 1882 et 1885.
Retrouvez dès la semaine prochaine «Sur la ligne du Mettis, Episode 2», restez connecté !
Pierre-Édouard W.
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