Le Moine ne fait pas ses 215 ans

Le Moine, film de Dominik Moll, vient de sortir sur les écrans messins. Il s’agit de la deuxième adaptation, voire de la troisième, d’un roman gothique anglais paru en 1796. Chacun peut aujourd’hui connaître la tragédie de frère Ambrosio, interprété par Vincent Cassel, moine soumis à la tentation de la chair par le Malin. Le roman, écrit par un jeune homme de 19 ans, Matthew Gregory Lewis, fut considéré comme blasphématoire, mais connut un succès international dès sa publication, et fut traduit en français l’année suivante. C’est cette édition de 1797 que possèdent les BMM, dont nous reproduisons les deux gravures de frontispices.
Byron et Sade saluèrent le livre, mais ce furent les surréalistes qui le remirent à l’honneur au XXe siècle, fascinés par l’implacable ascension du Mal dans le récit. Antonin Artaud le retraduisit en vue de l’adapter au cinéma en 1931, Luis Bunuel et Jean-Claude Carrière en firent le scénario d’une première version malheureusement réalisée par Ado Kyrou en 1972.
En une période où le gothique est devenu une mode, le retour sur les écrans du Moine de Lewis et de son cortège de dépravations, viols, incestes et meurtres est sans nul doute dans l’air du temps, et les belles dépoitraillées en gravures ou au cinéma ont de beaux jours devant elles.