IL y a 90 ans naissait Gerry Muligan

Gérard Dugelay (à droite), en compagnie de son idole Gerry Mulligan

Le journaliste de RCF Gérard Dugelay et son comparse radiophonique Alain Duret enregistreront en direct à la médiathèque du Sablon le 1 décembre 2017 à 17h30 leur émission « la Note de jazz » consacrée au jazzman Gerry Mulligan (1927-1996).  A l’occasion de cette célébration, nous faisons connaissance avec Gérard, ce grand fan du génial saxophoniste.

Qu’est-ce qui vous attire chez Gerry Mulligan : la musique ou le personnage ?
Les deux, mon capitaine. J’ai vraiment craqué lorsque j’ai écouté la composition originale Song For Strayhorn , enregistrée par le label CTI lors du concert « Gerry Mulligan – Chet Baker » au Carnegie Hall en 1974. Lors de l’écoute je me suis dit : «Qui est ce musicien qui compose divinement un hommage à l’alter-ego de Duke Ellington, Billy Strayhorn ? Qui improvise si merveilleusement au saxophone baryton ?». Tout est parti de cet album. Plus tard, j’ai apprécié l‘intelligence, la culture et l’humour de ce grand musicien.

RELATION AVEC L’ARTISTE

Comment avez-vous fait connaissance avec la musique de Gerry Mulligan ?
C’est grâce à un cadeau de mon père pour mes vingt ans. Il s’agissait de l’album « Summit » enregistré par Astor Piazzola (bandonéon) et Gerry Mulligan (saxophone baryton). Mon père jouait du saxophone, de l’accordéon et c’est sûrement sur les conseils d’un de ces amis (jazzman) que le choix s’est porté sur cet album. Un bien bel album, mais j’étais encore sous le charme de Stan Getz et de son album « Captain Marvel » !

Gerry Mulligan avec Stan Getz Tour All Stars jazz Gala en Allemagne 1976 (c) F Mulligan

 

L’avez-vous rencontré en personne ? Comment s’est passée cette première rencontre ?

J’ai eu le bonheur de le rencontrer de nombreuses fois. La première fut au festival de Wiltz (Luxembourg) en Juillet 1992. Quand j’ai vu déambuler les musiciens dans le parc du château, mon épouse m’a dit: « c’est le moment ou jamais !». J’ai pu le rencontrer et le remercier pour la dédicace qu’il m’avait faite quelques temps auparavant sur le livre de Gene Lees « Meet me at Jim & Andy’s ». Il était heureux de rencontrer le dédicataire !

L’avez-vous suivi en tournée ?
Suivre en tournée, c’est un bien grand mot, mais par année je le voyais 2 à 3 fois. J’ai voyagé en Allemagne, aux Pays Bas, en Belgique, au Luxembourg, en Italie et bien-sûr en France. A partir de 1992, je le rencontrais à chaque fois après le concert. La phrase magique était : « Pouvez-vous dire à M. et Mme Mulligan que M. et Mme Dugelay sont là ? ». L’accueil de Mme Franca Mulligan était toujours tonique et sympathique !

Quel est votre meilleur souvenir avec GM ?
J’en ai tellement, mais le meilleur a eu lieu à Montlouis sur Loire près de Tours en septembre 1994. Après le concert d’Heidelberg en 1993, mon épouse lui avait dit qu’elle aimait beaucoup la composition  I Never Was A Young Man, un thème où il chante avant de jouer du saxophone. Lors de l’entracte du concert de Montlouis sur Loire, j’avais rencontré Mme Mulligan et elle avait repéré où se trouvait mon épouse (5ème rang au milieu). Lors du deuxième set, quand Gerry Mulligan s’est approché du micro et a déposé son saxophone, nous savions qu’il pouvait interpréter cette composition. J’ai eu le sentiment qu’il me regardait, mais en réalité c’est à mon épouse qu’il a dédié cette partie chantée ! C’est inoubliable !

Quelle relation avez-vous avec l’artiste et sa famille ? Entretenez-vous encore des relations avec sa famille depuis que l’artiste est décédé ?
Depuis 1993, j’entretiens des relations régulières avec Mme Franca Mulligan. Au départ, je connaissais en priorité les dates de concert et je les partageais avec d’autres admirateurs à travers le monde. J’avais le plaisir de rencontrer Gerry Mulligan.

Le quartet lors d’un concert à Amsterdam en 1957 © Unknown from www.gerrymulligan.com

LE COLLECTIONNEUR

Le fan est devenu collectionneur. Comment vous est venue la passion des enregistrements de GM ?
Gerry Mulligan est un musicien aux multiples facettes. C’est LE saxophoniste baryton de l’histoire du jazz, c’est un compositeur d’exception qui laissera de nombreux standards (Line For Lyons, Walking Shoes….). On pourrait dire Gerry « Jam session » Mulligan, tellement il était passionné par les rencontres; sa discographie, son itinéraire le prouvent ! Simplement j’ai voulu découvrir la carrière de Gerry Mulligan et j’ai d’abord acheté les disques du Concert Jazz Band qu’il dirigea en 1960, puis ceux des quartets avec Chet Baker ou Bob Brookmeyer… De quelques disques en 1976, j’arrivais à Metz en 1981 avec une petite trentaine de disques. Cela montrait un certain intérêt pour le musicien. Grâce à la discographie d’Alain Tercinet qui est parue dans Jazz Hot, j’ai pu récupérer beaucoup d’albums au magasin de disque SATURN à Cologne. Les années et la passion ont fait le reste ; au début des années 1990, j’avais presque complétement collecté la discographie officielle.

En 1990, grâce à une publicité dans la revue américaine « Cadence », j’ai rejoint un club de collectionneurs et passionnés de jazz. J’ai alors découvert des trésors, des enregistrements provenant des diverses radios, télévisions à travers le monde, mais aussi des enregistrements de concerts que l’on appelle « privé » ou « pirate ».
A ce jour, j’ai toute la musique de Gerry Mulligan sortie en LP, CD, DVD et quelques centaines d’enregistrements inédits. Certains documents sont vraiment très rares. J’ai ainsi rencontré de nombreux passionnés, anglais, français, suédois, allemands, américains… Et j’ai voyagé, rencontré d’autres fans et cela est inestimable !

Quel est le plus ancien ?
C’est le disque d’Astor Piazzolla – Gerry Mulligan, et c’est aussi une cassette du Gerry Mulligan Sextet enregistré à Paris en 1977 pour les enregistrements inédits. Le premier son de saxophone baryton de Gerry Mulligan date de 1945 lorsqu’il jouait avec le chef d’orchestre américain Elliot Lawrence. Gerry n’avait que 18 ans !!!

Votre collection porte-t-elle uniquement sur des enregistrements de l’instrumentiste ou aussi ceux de l’arrangeur et du compositeur?
Je m’intéresse à toutes ses facettes : interprète, arrangeur, et compositions interprétées par d’autres musiciens. Via internet, je découvre plein de documents, photos provenant de revues.

Il a publié plus de 240 morceaux sans compter ceux qu’il a arrangés, les avez-vous tous ?

Gerry Mulligan composant chez lui en 1989 © Peter Schaaf

A priori oui ! Peut-être un peu plus. Il faut dire que je ne les ai pas comptabilisés!

Quelles sont pour vous ses meilleurs titres, ses meilleurs albums ? En tant qu’arrangeur, compositeur et soliste ?
Il y en a tant ! J’ai des albums références pour comprendre l’évolution de la musique de Gerry Mulligan. Les voici :
• 1951 : « Gerry Mulligan Plays Mulligan», label Prestige
• 1952-1954 : Les quartets avec Chet Baker ou Bob Brookmeyer
• 1957 : La rencontre avec Thelonious Monk, label Rivverside
• 1960 : Gerry Mulligan Concert Jazz Band au Village Vanguard, label Verve
• 1971 : L’album « Last Set In Newport », label Atlantic
• 1971 : Gerry Mulligan Orchestra « The Age Of Steam », label A&M
• 1980 : Gerry Mulligan Orchestra « Walk On The Water », label DRG
• 1995 : Gerry Mulligan « Dragonfly », label Telarc
Quelques compositions : Line For Lyons, Youngblood (son arrangement pour l’orchestre de Stan Kenton est génial), Song For Strayhorn, Etude For Franca, Dragonfly…

LE FAN

Êtes-vous le seul fan de Gerry Mulligan ? Existe-il un réseau de fan ?
Je ne suis pas seul. Nous sommes à travers le monde une dizaine de très grands fans. Mais Gerry Mulligan a marqué plusieurs générations de musiciens et de passionnés du jazz. Certes, il y a d’autres grands saxophonistes avec une esthétique, un jeu différent, mais si vous jouez du saxophone baryton, vous croiserez la musique de Gerry Mulligan et vous tomberez sous le charme.

Jusqu’où êtes-vous allé pour assouvir votre passion ?
Le disque qui fut le plus difficile à acquérir est celui de la chanteuse italienne Ornella Vanoni « Uomini ». J’ai dû vaincre ma phobie du vertige lors du voyage  aller-retour en voiture Cannes-San Remo. Je vous assure que cela a été pénible !!

Un disque de Michel Legrand « Le Jazz Grand » avec Gerry Mulligan venait de sortir, c’était un pressage de disque particulier et le prix était de 200 francs au lieu des 30 habituels. J’ai bien fait de l’acheter !! Autrement pas de folie, mais beaucoup de passion et de ténacité !

Depuis la disparition de Gerry Mulligan, arrivez-vous à entretenir cette passion ? Découvrez-vous encore des aspects de sa musique ou de sa personnalité ?
Après plus de quarante ans, j’ai encore la flamme. La découverte de nouveaux enregistrements se fait rare, mais il a joué dans des conditions si diverses que c’est toujours un plaisir de les découvrir !
C’est grâce à la musique Gerry Mulligan que j’ai fait ma première émission de radio avec Alain Duret (en tant qu’invité). C’était en 1993 ! Merci à lui de m’avoir supporté!

Pour aller plus loin :

• Exposition de raretés et photos inédites à découvrir à la médiathèque du Sablon du 25 novembre au 15 décembre 2017.

• Enregistrement en public de l’émission « la note de jazz » sur RCF à la Médiathèque du Sablon le vendredi 1er décembre 2017 à 17h30.

• Playlist de quelques-uns des meilleurs morceaux du saxophoniste :

la page Facebook officielle : https://www.facebook.com/GerryMulliganOfficial/
le site officiel : http://www.gerrymulligan.com/

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Geneviève C.

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1 comment

  1. Très bel article.
    Il est un de mes grand favoris avec Martial Solal.
    Je suis fan depuis 1962…
    J’ai passé son My Funny Valentine pour accompagné mon meilleur ami et j’espère qu’il m’accompagnera également…
    Cool

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